par Atiscomin » 08 Jan 2013, 01:26
Athmane se levait brusquement, en pleine nuit. Une fenêtre était ouverte laissant passer un doux air d'été. Pourtant, il avait froid, les suées qu'il avait eues devaient le rendre plus sensible. Il savait qu'il n'arriverait pas à se rendormir pour le restant de la nuit, il valait donc mieux faire quelque chose de ses dix doigts. Il goûta un peu à l'instant dont il pouvait profiter, l'ambiance calme de la nuit avec pour seuls bruits le passage poussif d'une automobile dans la rue et les quelques souffles de vent qui animaient les rideaux d'une danse gracieuse. Il finit par se redresser pour s'habiller et prit son casque avant de se diriger vers la porte afin de retrouver son outil de travail unique et préféré: son ordinateur. Il tourna la poignée et ouvrit la porte en se frottant les yeux et sentit que l'air était plus froid.
En frissonnant, il rouvrit les yeux et fut pris d'un sursaut. En face de lui se tenait un homme à la mine irritée, grave, presque hargneuse. Celui-ci lui attrapa le bras.
-Qu'est-ce qu'il y a?
-Mais ça va pas espèce de taré?! Qu'est-ce que tu fais encore ici hein?! Va-t-en! Trouve-toi un autre endroit! Espèce de sal*****!
Athmane se délivra de l'emprise de l'homme en face de lui, et se retourna. Plus de porte, juste un grand couloir sombre. Il se mit à courir, les vociférations le poursuivaient, et l'environnement dans lequel il était semblait les réverbérer et les amplifier, à tel point que ça en devenait insupportable. La peur au ventre, il plaça son casque sur ses oreilles. Cela atténua un peu les invectives de l'autre homme qui le poursuivait toujours aurait-on dit, peu importe où il courait, jamais les sons ne faiblissaient.
Il fonçait, sans jamais avoir l'air de se fatiguer, la frayeur lui commandait et celle-ci ne lui laissait pas de répit. Une brûlure dans le ventre, une lourdeur dans les jambes, de l'acide jusque au bout des doigts, l'adrénaline montant au fond de soi, il fuyait ces sons, ces cris. Il aperçut une autre ouverture droit devant lui et s'y jeta aussitôt, il fallait qu'il s'échappe.
Les cris s'éteignirent, il se trouvait ailleurs. Devant une chambre d'hôpital. Il ne pouvait pas entrer, deux hommes l'en empêchaient. Sa sœur était là, souffrait, hurlait. At' ne pouvait voir que par la petite vitre de la porte fermant la pièce et la voyait se mourir atrocement.
Pas encore... Pas cette nuit là!
L'extérieur résonnait de son déchirement. Entre les cris désarticulés, on pouvait la comprendre cependant. Il y avait un nom qu'elle suppliait. Il n'en pouvait plus, il mit de la musique et monta le volume, couvrant la torture. Une main se posa sur son épaule, At' se retourna. L'homme de tout à l'heure se dressait devant lui, avec un sourire sadique. Il lui arracha son casque avant de s'éclipser. Et les hurlements revinrent.
Les entendre mit At' à genoux. Il tenta de se couvrir les oreilles de ses mains, mais rien n'y fit, il était prisonnier de ces horribles pleurs. Le nom qu'elle braillait, c'était bien le sien. Il se souvenait des dernières heures de sa sœur, lorsqu'elle s'époumonait malgré tous les calmants, et quand elle beuglait de douleur, s'égosillait en l'attendant.
Mais il s'était tenu là impuissant, étant encore une enfant, l'entrée lui avait été refusée et il ne pouvait pas venir à ses côtés. Et toute la nuit, il avait du écouter sa sœur s'en aller au milieu de sa souffrance.
Cette fois-ci ça sera différent.
Il se releva, se retourna vers la chambre et passa outre le bruit tonitruant. Les deux gardes ne bougeaient pas de leur poste. Il s'arrêta devant eux et leur ordonna:
-Laissez-moi passer.
Soudain, les gardiens se transformèrent, devenant difformes et effrayants avec le but clair de lui briser les tympans. Mais At' ne se laissa pas démonter malgré le tonnerre sonore qu'ils généraient. Il clama d'une voix plus puissante encore.
-JE VOUS DIS DE ME LAISSER PASSER!
Sur cette injonction, les deux monstres furent réduits en poussière, et Athmane poussa la porte menant à la chambre si bruyante. Il s'approcha de sa sœur doucement. Plus il s'approchait, plus le volume montait, plus la douleur était grande. Mais il faisait fi de ce qu'il entendait, et finit par prendre la main de sa sœur pour la rassurer.
Alors celle-ci s'arrêta de crier.
World is not beautiful.
Therefore, it is.
RP du gueulard:
