par Ducrro » 25 Aoû 2010, 04:03
*Ducrro rentrait d'une soirée bien arrosée. Au cour de la nuit, il avait ingurgité plusieurs alcools et sa tête tournait atrocement. Bière, rhum, whisky, vodka, get 27, autant dire qu'il n'était pas au mieux de sa forme, bien au contraire, il n'aurait pas eu la moindre chance de gagner un duel face à une mangouste enragée ... Il vagabondait, hagard, titubant, dans les rue de la ville de Clermont Ferrand, à la lueur des réverbères. Il sortit son briquet et l'alluma tout en se concentrant sur les faibles lumières que produisaient ces grands cotons tiges illuminés. Le jeune homme était convaincu qu'il arriverait à voler ces lumières et à les enfermer dans son briquet ... pourquoi ? mmmh il avait vu un certain Dumbledore le faire alors ... pourquoi lui n'y arriverait pas ?
Un bon quart d'heure s'écoula avant que Ducrro ne renonce, pestant contre ces arbres de métal, les traitant de tous les noms. Il continua son petit bout de chemin et fit halte dans une ruelle pour soulager sa vessie ô combien mise à l'épreuve durant cette soirée. Appuyé contre un mur, il commença à recréer le déluge qu'avait subit noé il y avait de cela bon nombres d'années. Soudain, le mur bougea et émit de grands gémissements pareils à des cris d'animaux synthétiques. Une puissante lumière aveugla le jeune homme qui, surprit, se laissa tomber sur le sol, inondant son jean qui lui servait d'arche. Le hippie qui habitait le van contre lequel Ducrro avait prit appuie sortit la tête de la fenêtre de sa "maison" et pesta contre l'ivrogne qui, ne comprenant pas bien la situation, remballa son matériel et pris la fuite en courant.
Il s'arrêta quelques minutes plus tard, à bout de souffle, et déposa sur le trottoir une magnifique fresque de plusieurs couleurs et de plusieurs consistances. Il s'assit sur son œuvre d'art et sortit de sa poche un pétard, roulé au préalable, et il l'alluma. Tirant quelques bouffées sur cette cigarette magique, il se releva tant bien que mal et reprit la route de son petit F1. Enfin il arriva devant l'immeuble tant convoité. Il ouvrit la porte, monta les deux escaliers à quatre pattes et se retrouva devant la porte de son appartement. Il inspira et ... déposa une nouvelle œuvre digne de picasso juste sur le paillasson. Il déverrouilla le dernier obstacle de son épopée et pénétra dans son salon-cuisine. Il ouvrit la porte de sa chambre et se jeta sur son lit. Il s'allongea sur le dos et fuma tranquillement le reste de son mégot. Le joint fini, il revomi une dernière fois pour la forme à côté de son lit et il sombra dans un profond sommeil.
Quand il se réveilla, Ducrro n'était plus dans son appart', il se trouvait chez ses parents et ces derniers se trouvaient devant lui ainsi que ses trois sœurs. Il ne comprenait pas bien ce qu'il faisait ici mais ce rêve était bien trop réel pour en être un. Une voix se fit entendre, derrière lui*
Bonjour.
*Le jeune homme se retourna lentement, suivant la voix sombre et froide qui l'avait interpellé. La faucheuse se tenait devant lui, tenant un sablier dans sa main droite.*
J'espère que tu as bien profité de ta famille car tu n'aura plus le plaisir de les revoir je le crains ...
*Saisi d'effroi, Ducrro se retourna vers sa famille mais tous étaient encore là, bien vivants ... Il expira de soulagement et posa un regard bienveillant sur sa famille mais soudainement, les cheveux de ses parents virèrent au blanc, commencèrent à tomber même, alors que leur peau se flétrissait à vue d'œil, des rides apparaissant sur chaque recoin de leur corps. Ils se courbèrent, perdirent leurs dents, tombèrent à genoux, gémissants, implorant leur fils qui ne pouvait rien faire à part contempler ... contempler les affres du temps, voir la vie de ceux qu'il aimait s'échapper ... Ils finirent par ne plus gémir, et tombèrent complétement flasques sur le sol, mais, même morts, les corps continuèrent leur métamorphose, se décomposant, si bien qu'après quelques secondes de cet insupportable spectacle, il ne resta plus que 2 squelettes, qui finirent par être réduit en poussière ...
Ducrro pleurait amèrement, s'en voulant de ne pas avoir pu les aider. Il faisait face à sa plus grande phobie : celle du temps qui passe, celle qui prend des vies chaque jour, celle qui sépare des familles, des amis. Il essuya ses larmes et se tourna vers ses sœurs. Trop tard. Le temps agissait envers et contre tout. Les trois filles avaient déjà l'apparence de grands mères. Le jeune homme hurla, et, se tournant vers la faucheuse, la supplia de laisser vivre les trois ados, mais la mort continua de laisser filer le sable qui s'écoulait à une vitesse folle. Ducrro essaya de casser le sablier mais à chaque fois qu'il tentait de s'approcher du sablier, une force invisible le repoussait violemment . Les gémissements s'éteignaient l'un après l'autre. Seule la plus jeune de ses sœurs vivait encore. Il la regarda dans les yeux et la vie quitta le corps de celle qui fut, quelques minutes plus tôt, une petite fille de 11 ans.
Ducrro cria, lui d'habitude impassible ne pouvait supporter ce spectacle plus longtemps. Il tomba à genoux et se prit la tête entre les mains. Une poignée de cheveux blancs tombèrent au sol, devant lui. Il regarda ses mains et vit qu'elles étaient toutes ridées, méconnaissables, il tenta de se lever mais sa sciatique lui faisait atrocement mal. Il lutta, il ne voulait pas sombrer comme sa famille, il ne voulait pas quitter ce monde qu'il aimait tant, c'était trop tôt il n'avait pas assez vécu. Et puis merde ! pourquoi avoir peur ? Un jour ou l'autre tout le monde y passerait et puis il avait vécu une vie joyeuse alors pourquoi ne pas surpasser cette peur et accueillir ce temps qui lui ouvrirait de nouvelles portes ? il sourit et tomba en poussière, heureux.
*Un cri. Ducrro s'éveilla en sursaut, c'était la voisine de palier qui jurait car elle venait de trouver la belle surprise laissée par le fêtard la veille. Le jeune homme se gratta la tête, s'assit sur son lit et posa les pieds dans son vomi. S'attrapant la tête dans les mains, il repensa à ce rêve ... Que s'était-il passé cette nuit ? Pourquoi s'était-il retrouvé chez ses parents avec ses soeurs ? et ce rêve étrange ? que signifiait-il ? Une chose était sûr, il ne craignait plus le temps et n'avait plus peur du changement.*
DREAMLAND
