Dreamland Reborn

Je haussai une épaule.

- Meh.

Le plan était de nouveau fixé. Pix se mettait en action tandis que moi et Marv allions descendre tranquillement dans les rues. Je me remettais en tête l’accoutrement ridicule de nos cibles de la nuit et plus particulièrement le masque du nain aux arceaux. Je fulminais intérieurement, pensant à l'état dans lequel j'avais été mis, un état que d'autres avait dû subir avant moi, un état que j'avais eu de la chance de voir stabilisé par mes amis. Je me demandais si les emmener dans ma vendetta personnelle était un bon plan.

Je manipulais mes cartes par réflexes, espérant estomper mes pensées sombres.

-Broe ? A droite où à gauche ?

Je restait attentif à l'environnement, traquant les couleurs des uniformes de nos proies. Tout en faisant ce que je pouvais pour camoufler cette attention toute particulière.

Je suivis Nikko et nous finîmes par quitter le bâtiment. Une fois dans la rue, ce dernier m'enjoignit à choisir la direction à prendre. N'ayant pas d'idée précise en tête, je proposai la gauche et nous marchâmes dans la rue. Comme mon comparse, j'épiais avec discrétion les passants, espérant que ma capacité pas trop dégueulasse pour reconnaître les visages, même déguisés, puisse me servir ce soir. Il fallait bien que des années d'entraînement à deviner les tronches d'acteurs méconnaissables se rendent enfin utiles...

Sentant la tension chez mon camarade, j'essayais de lancer la conversation. Je savais que Nikko n'était pas non plus téméraire, mais je craignais que son désir de revanche prenne le pas sur le bon sens, et ne tenais pas à être mêlée à une histoire qui aurait pu se régler par un brin de diplomatie.

- Comment tu te sens? demandai-je, tout en continuant de zieuter la rue autour de moi. J'ai l'impression que tu prends cette histoire un peu trop à coeur... Bien sûr, on a tous eu très peur pour toi, mais... Enfin, je veux dire, ce n'est peut-être pas une bonne solution de le poursuivre avec autant d'acharnement. J'ai un peu peur que cela devienne une obsession.

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PIX

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NIKKO / MARVAN

Aucune trace de nos compères dans les rues. En même temps, on a été repéré si rapidement sans avoir rien fait de mal qu'ils auraient tout de suite été pécho par les habitants s'ils se baladaient comme ça. Nous avions croisé des bars et autres échoppes dans le coin. Peut-être y étaient-ils cachés ? Au fur et à mesure que nous avancions Marv et moi, je remarquait le regard de plus en plus suspicieux des passants.

-Broe ? Tu pense pas que ça pourrait être bien de chercher dans un bouge quelconque ? Vu comme on a été alpagués, les clowns doivent se tenir à carreaux quelque part. T'en penses quoi ?

Je parlais d'une voix légèrement plus basse qu'auparavant. Manquait plus qu'un habitant entende ce que l'on se disait...

-Et en plus, je suis sûr que les barmen sont moins con que le gens dehors. Terminais-je avec un petit sourire en coin.

Je comprenais le point de vue de mon ami. Etant de nature pétrie d'un besoin de justice, je peinais à désapprouver son action, mais il y avait dans son regard une détermination froide qui ne lui ressemblait pas trop. Je ne l'avais jusqu'à présent pas vu dans un tel état, et je craignais les débordements. Le fait de m'être confiée à lui et de n'avoir pas obtenu de changement de comportement me mit d'autant plus sur mes gardes.

Alors qu'il me proposait de trouver un bar ou un lieu de rassemblement quelconque, je fus pris d'une idée qui me fut soufflée, disons, par mon petit doigt. Je fis signe à Nikko d'attendre un moment. Je me concentrais, et un craquement lassant retentit : la dernière phalange de mon auriculaire gauche venait de se décrocher. C'était la première fois que je parvenais à dissocier une si petite portion de mon corps, et je ne pus que sourire face à mes progrès.

- Je vais l'envoyer retrouver Pix. Comme ça, si on a un problème, je ferais vibrer la phalange à distance pour le guider jusqu'à nous. A l'inverse, s'il a besoin de nous, il trouvera un moyen de nous contacter de la même façon.

Je me doutais que cela risquait de passer par la douleur, et cette pensée m'arracha une grimace. J'ordonnai à ce petit bout de moi de filer en direction de Pix, qu'il pouvait difficilement manquer avec les bonds dans les airs qu'il devait faire. Ma seule appréhension résidait dans la distance qu'il avait pu parcourir depuis tout ce temps : ma phalange risquait de ne jamais le retrouver...

Bah, ce n'est qu'une phalange dans la nature, j'ai déjà perdu bien pire...

Je finis par hocher la tête pour montrer à Nikko que j'étais prête. Bientôt, nous franchîmes le pas du premier bar sur notre chemin.