*Après une âpre journée à courir en tous sens, à parlementer, à négocier, à étriper mentalement... Leuffen n'aspirait plus qu'au repos en rentrant chez lui.
Après une bonne douche (froide, parce que le plombier n'est pas encore passé), il se dirigea vers la cuisine où un post-it fluo l'attendait, gentiment épinglé sur le frigo.
Ce dernier disait en substance : "LE FRIGO EST EN PANNE, LE RÉPARATEUR VIENDRA DEMAIN. NOUS AVONS MIS TA BOUFFE DANS LE PLACARD. Signé : les proprios."
Sachant que ladite bouffe consistait en des tuperwares à garder au frais, et qu'ils ont passé toute la journée à l'air, devinez ce qu'il en restait ?
Ce fut donc après avoir jeté le tout dans la poubelle la plus proche et en ayant réquisitionné un paquet de chips à portée de main que Leuffen se rendit dans sa chambre.
Il dîna donc pour le moins frugalement et avala un cacheton pour pioncer, adoptant l'adage "Qui dort, dîne".
Mais ce fut néanmoins dans une humeur de dogue et le ventre gargouillant que Leuffen s'endormit promptement.
Si Alyss n'était pas au rendez-vous ce soir, ça allait chier des briques à l'horizontale !*
...........
*La première chose qu'il sentit fut la chaleur, une vraie fournaise de rôtissoire.
Il regarda autour de lui, essayant de comprendre où il avait atterrit : il vit des roches rouges, des arbres étranges à l'aspect brûlé... le tout parsemé de gros cristaux blancs comme de la neige.
Rien de vraiment accueillant en somme.*
Merde, où est-ce que je peux bien être ? Dans un désert ? Je risque de douiller si Alyss vient me retrouver dans ce coin paumé ! Il faut que je cherche s'il n'y a pas au moins un peu de vie ici.*A peine eut-il le temps de se faire cette réflexion qu'un mouvement au ras du sol attira son attention : l'un des petits cailloux venait de bouger ! Une bestiole en forme de caillasse brune venait de se voir pousser de petites pattes et commençait à se déplacer.
Répondant à un instinct moitié félin-moitié rugbyman, Leuffen se jeta sur la bête, les mains en avant.
Il percuta le sol ocre singulièrement moelleux et ramena sa prise vers lui. Hélas, la bestiole n'avait pas supporté le placage artisanal et avait été réduit en une purée croustillante.
Le blood Controler porta ses mains à présent légèrement gluantes sous son nez et inspira : cela sentait... la croquette de pomme de terre ! Se pouvait-il que...
Il goûta, et une saveur céleste envahi ses papilles : c'était bien ce que ça semblait être !*
- On dirait que j'ai trouvé le Royaume Nourriture, finalement... Mais ? C'est quoi ce sol ? Pourquoi est-ce qu'il croustille comme ça ?*Question stupide : c'était du pâté en croûte !
A partir de cet instant il fut impossible de retenir Leuffen : il se jeta sur tout ce qui bougeait et ne bougeait pas, rattrapant son pauvre dîner raté.
Il avait quasiment oublié l'arrivée prochaine d'Alyss et de Gabriel.*