Dreamland Reborn

- Hé, Raph! T'oublies de ranger ta fusée, mon grand.

Mon petit frère s'avance vers moi avec son grand sourire charmeur habituel et me lance un regard de filou. Il m'attrape le jouet des mains et me rétorque :

- C'est pas une fusée, c'est un DINOSAURE!

Le voilà qui tripatouille le pseudo transformers devant moi et se fait un plaisir de me montrer fièrement un tyranosaurus rex, qui fait même du bruit si tu lui appuies quelque part entre les testicules. Rooarr.

- Bon, allez, au dodo!

Comme ça, je pourrais dormir aussi...

Mes yeux s'ouvrirent devant un paysage surréaliste. Je les fermais avec un petit sourire, persuadée d'avoir eu une vision bien mignonne d'un monde pas mignon du tout. Un cri de ptérodactyle en rut annihila tout mes espoirs ; je plaquais mes paumes contre mes oreilles avec un léger spasme facial.

- Mais c'est quoi, ce...

Je ne pus terminer ma phrase, car ma bouche décida de béer de façon ridicule. J'entrevis du mouvement quelque part entre les lianes. C'était une patte, ça? Ça avait la taille d'un sacré tronc d'arbre. Tronc d'arbre qui se mit à choir lentement avec un gros craquement, suite à la rencontre avec ladite jambe.

Je me suis trompée d'époque, c'est pas possible...

Un frisson me parcourut l'échine. Et si je faisais comme le diplodocus?

Et je me mets à mâchonner dans le vide, sans rien bouger d'autre que ma mandibule.

Je me mis en branle, me mettant à courir de façon anarchique dans des fougères de la taille d'une maison. Vu de haut, le T-rex devait à peine voir un frémissement dans les fourrés, pas de quoi inquiéter grand monde. Je courus à perdre haleine comme un shill-shill (pour ceux qui connaissent) jusqu'à ce que je finisse de même, empalée contre un arbre.

Après m'être remise de ma petite bo-bosse, je me retournais pour contempler le spectacle du T-rex qui fonçait sur le diplodocus.

Je levais les yeux au ciel et contemplai une gigantesque patoune qui était lentement en train de... OH MON DIEU! Le monstre était gigantesque! Dans un élan de génie ou de stupidité, je décidai de me cacher sous son corps massif ; bientôt à couvert sous le bide confortable du stégosaure (oui, parce que je reconnais les dinosaures à leur protrusion ventrale), je repris mon souffle.

Merde, comment je vais bien pouvoir partir d'ici?!

Je n'avais plus qu'à suivre les mouvement du monstre et me calquer sur son rythme, en espérant qu'il ne remarque jamais ma présence...

Je tentais de suivre le rythme du stégosaure, la bave aux lèvres. Putain, mais pourquoi il est si pressé? Je sentais derrière moi la queue géante qui battait l'air, comme un gigantesque essuie-glace qui allait bientôt m'essuyer MOI. Mon cœur battait dans ma poitrine ; il faut croire qu'elle n'était pas à sa taille, car mes côtes hurlaient à chaque battement.
Bon, assez de cardio pour aujourd'hui!
Je m'adaptai au rythme du monstre, suivis les pattes qui martelaient le sol chacune leur tour, avec la rigueur d'une horloge.
Maintenant!
Je saisis l'opportunité et m'engouffrai dans la brèche, atterrissant dans les fourrés qui se gardèrent bien d'amortir ma chute. Les cheveux pleins de brindilles, je repris lentement mon souffle. En fait, je suis bien ici... J'approchai mon regard d'une parcelle de buisson épargnée par les feuilles, et contemplai le monstre s'éloigner.