Songe 2
Et voilà, encore dans les courses de Noël. Chaque année ça mes pète les coui****. Certes les plus malins vous direz qu’il fallait s’y prendre à l’avance, et patati, et patata... Oui enfin avoir des cadeaux dans son placard dès Février c’est peut-être être un poil trop prévoyant. Je suis sûr que les plus psychotiques prévoient encore plus à l’avance.
Bref, pour le moment je ne suis bien heureusement pas dans l’une des interminables queues qu’on doit en plus se taper une fois nos emplettes terminées. Non, je suis encore dans les rayons à farfouiller de-ci de-là pour y trouver un truc à acheter, ou à tout simplement remplir mon caddie en suivant scrupuleusement ma petite liste. Les allées se suivent et se ressemblent, le tout emporté par la foule qui me traîne et m’entraîne jusqu’aux lampes allogènes.
Quand soudain ! Une annonce plus qu’alléchante résonne dans les haut-parleurs au son quelque peu grinçant.
_ Votre attention ! Votre attention ! Venez découvrir les dernières promotions spéciales Noël !! Allée 13 ! Allée 13 !! Vous trouverez tout ce qu’il vous faut pour vos achats de Noël !! Vous pourrez combler tous vos souhaits, pour petits et grands !! Offre exclusif !! Pendant cinq minutes seulement, 99% de réduction !!Pas franchement méfiant je me dis que c’est l’occasion parfaite pour en terminer au plus vite. Poussant à tout barzingue mon caddie, je rejoins l’allée 13 en moins de deux. Mais à ma grande surprise, celle-ci est vide de tout client. Étrange, surtout avec une promotion pareille c’est tout juste si c’est pas donné ! Bref, tant pis pour eux, il n’y aura que plus de choix pour bibi.
Déjà tout bien emballé, des cadeaux sont disposés dans les rayons selon les types de personnes à qui on compte les offrir. En gros c’est du pain bénis pour moi, j’ai même pas vraiment besoin de chercher des heures. Ni une ni deux, je remplis mon caddie du nombre de cadeaux qu’il me faut avant de faire demi-tour en direction des caisses. Mais en chemin, des rires plutôt sinistres s’élèvent proche de moi. Je me retourne sans rien voir, je tourne la tête pour essayer de connaître l’origine de ces sons qui deviennent de plus en plus fort. Je commence à ne vraiment pas aimer ça, et j’ai même un frisson qui parcourt ma colonne vertébrale. Afin de me rassurer, je finis par tenter d’ouvrir le dialogue.
_ Il y a quelqu’un ? Qui est là ?En réponse les rires n’en deviennent que plus éclatants, et j’ai beau vouloir forcer le pas vers les caisses cela ne me quitte pas d’une semelle. En parlant d’ailleurs des caisses, impossible de me souvenir où elles sont. J’ai beau essayé de m’en souvenir, rien ne vient c’est le trou noir total. Angoissé, je cherche avec une certaine anxiété où celles-ci peuvent bien être parce que je commence à avoir sérieusement envie de sortir de ce magasin. Et c’est finalement les rires qui m’attirent une nouvelle fois mon intention, notamment parce que cette fois ils proviennent directement de mon caddie. Je baisse les yeux vers celui-ci avec un petit air terrifié, et constate que ce sont tout simplement les cadeaux qui me toisent. Emballé dans leur papier coloré et avec leur petit nœud papillon sur le dessus, leur bouche semble bien moins accueillante. Des dents pointues, de petits yeux noirs et menaçants.
Aussitôt que je vois ça, je pousse de tous mes forces le caddie avant de le lâcher pour l’envoyer le plus loin possible de moi. J’en profite alors pour faire volte-face et prendre la tangente sans demander mon reste. Mais alors que je sprint à en perdre haleine, je sens une violente douleur à la cheville qui m’arrête net. Je m’écroule de tout mon long sur le sol avant de me retourner pour comprendre. Je vois alors l’un des cadeaux ses dents longues plantées dans ma cheville. Souriant tout en m’ayant en bouche, il commence à me bouffer littéralement avec un petit rire sadique. J’essaye tant bien que mal de m’en séparer en lui donnant des coups de mon pied valide, mais celui-ci tiens bon. Continuant sans relâche son office, il finit d’ailleurs par me sectionner le pied. J’hurle alors sous la douleur de mettre fait amputer de la sorte. Mon sang se répand sur le carrelage clair qui recouvre le sol. Redescendant mes yeux embués de larmes vers le petit monstre je réalise qu’un autre vient de le rejoindre et trône sur mon ventre. Me souriant de toutes ses dents bien aiguisées, je tente de m’en débarrasser en le balayant d’un geste de la main. Mon bras s’arme, mon coup part, mon bras continue dans son élan sauf que c’est maintenant mon poignet qui me brûle. En y regardant de plus, je constate que ma main n’y est plus. J’hurle une nouvelle fois, car il faut croire que l’autre cadeau maléfique vient de me bouffer la main au vol. Mais loin d’être rassasié, il déchire ce qui me sert de haut et commence à m’éventrer pour me bouffer les entrailles. J’ai beau crier, rien n’y fait la douleur est tout bonnement insupportable.
Mon esprit est saturé par la douleur et je sombre dans une espèce de léthargie profonde. Ma tête retombe en arrière et mes yeux à moitié révulsés se posent sur une autre de ces bestioles qui me fixent avant d’ouvrir sa grande gueule pleine de dents pour terminer le travail.