[E8]Elfila, Le Royaume des fées tricoteuses

[Marvan]

- Boah, tu sais, une des premières fois où j'ai utilisé mon pouvoir, j'ai foutu un pain dans la tronche d'un pauvre monsieur qui voulait m'aider, alors les pouvoirs incontrôlables, je connais...

Je jetai un dernier regard au carnage qu'on avait su causer à nous deux, avec une pointe de culpabilité. Cette dernière s'évanouit bien vite avec la conversation, et j'ajoutai :

- Cela dit, le tien de pouvoir a l'air assez insidieux... J'espère qu'il ne t'a pas trop causé de problèmes jusque là.

J'essayai avec peine de dissimuler ma curiosité. Après tout, à part Hunt, Kylian était la seule personne que je connaissais à la fois dans Dreamland et dans le monde réel, et découvrir les pouvoirs nocturnes de "vrais gens" m'intéressait bien plus que tous les personnages que j'avais pu croiser jusqu'à présent.

[Père Castor]

[HRP: Tu as déjà eu le droit à ce trophée]

*Hé mais j'ai rien à dire en fait !*

[Javeldose]

Kylian : c'est ça qui est bien. Toujours s'arranger pour frapper quelqu'un quand on connait pas son pouvoir. La preuve : Poivre connaissait pas le sien, et je l'ai frappé. Tu vois, la grosse réussite, quoi.

* (Oui, j'arrête pas de raconter cette anecdote, mais elle me fait marrer.)

Marvan semblait sceptique quant à la viabilité du pouvoir de Kylian. Indirectement, il pouvait deviner une certaine réticence à ce qu'on reste à ses cotés. Ou s'il ne s'agissait pas de le deviner, au moins pouvait-il l'imaginer.

Kylian : je suis pas certain que mon pouvoir m'ait porté préjudice jusqu'ici.

* Les situations avaient le don d'être désespérées sans son concours il faut dire, sans parler des cas de Poivre et Lou, qui eux sont réellement irrécupérables. Rien à voir avec ses démons, donc. *

Kylian : en fait, y'a pas besoin de son pouvoir pour se mettre dans la merde. C'est quelque chose qu'on a pu expérimenter souvent avec les camarades.

* Ils continuaient à marcher dans la direction indiquée. *

Kylian : que ce soit ton pouvoir ou le mien, on peut faire de sacrés blagues. Toutes les vannes sur les lépreux par exemple. Hey, tu veux pas faire ça un de ces quatre ? Une poignée de main et le bras se détache, cri d'horreur et tout le bataclan, ce serait énorme ! On monte une Comedia del Arte dans la dreamland (...)

* Il se faisait déjà tout un film dans sa tête. *

Kylian : pis ça permet de voyager et de croiser des gens qu'on connait.

[Marvan]

Je m'arrêtai, étonnée :

- Attends, mais Poivre aussi est Voyageur?! Putain, mais combien de gens que je connais sont Voyageurs au juste?!

Je me morfondais dans mon coin, énumérant ceux qui pouvaient bien avoir un pouvoir particulier. En plus, Kylian n'ayant pas précisé quel pouvait être le pouvoir de Poivre, je commençais à m'imaginer plein de choses. Après tout, Dreamland semblait être un monde de possibilités infinies. Étais-je la seule à avoir un pouvoir aliénant mon corps? Je travaillais encore la question quand j'entendis Kylian expliquer son envie de faire une blague en me faisant passer pour une lépreuse. Je ne pus m'empêcher d'éclater de rire.

- C'est une idée géniale! m'exclamai-je avec enthousiasme. Si on se recroise, promis, on organise tout ça. Mais bon, c'est peut-être pas un bon plan de le tenter devant la Reine, si?

Je laissais ma question en suspens, presque inquiète, après coup, de ce que pouvait répondre mon camarade.

[Père Castor]

*Faudra se décider vite, les Voyageurs arrivent devant le palais.*

[Javeldose]

* C'est bien la peine que pour une fois, je me fasse violence pour pas faire d'ellipse. *

Kylian : hé ben il est pas laid ce palais.

* Que dire de plus ? Ha si, tiens. *

Kylian : attends, un palais ?! Un putain de palais, pour de vrai. Genre le village, il est en cure-dent et brindilles, et au milieu, y'a un palais quoi. Narmol.
PNJ inutile : ça nous a paru utile sur le coup.
Kylian : d'accord.

* Ce village est d'un bordel, on dirait un donjon généré aléatoirement. *

Kylian : rester l'air con nous sied si bien qu'on pourrait planter nos tentes. Mais on peut essayer d'entrer, sinon.

[Marvan]

Kylian avait fort raison. L'édifice majestueux s'élevait autour des petites chaumières comme tombait un cheveu sur la soupe. C'était à se demander où les villageois avaient trouvé les matières premières pour construire un aussi beau palais alors qu'ils avaient si peu pour leurs propres maisons. Les blocs de pierre, dont la teinte noircissait avec les années, présentaient de jolies sculptures et tout plein de fioritures décoratives qui avaient dû prendre des plombes à dresser. La porte était imposante, mais pas trop, ce qui collait bien avec une Reine perdue au milieu d'une forêt et entourée de petites fées sympathiques.

Finalement, pour un premier palais dans lequel j'allais mettre les pieds, ça mettait pas trop la pression non plus. Je fis signe à Kylian de prendre les devants et lui emboitai le pas.

[Javeldose]

(j'aurais préféré prendre le pas et emboiter le devant, mais bon, on a pas toujours ce qu'on veut)

Kylian : j'aimerai tellement pouvoir dire que nos tribulations ne font que commencer...

* Kylian réfléchissait à ce qu'il allait dire en premier lieu à la reine. "Je viens dans votre royaume pour tartiner votre grand mère avec du wasabi" manquerait un peu de sérieux. Bon d'accord, son royaume se limite à un village et un bosquet, m'enfin ça reste une reine. Assez-t-il tout étant, la rencontre se promettait fructueuse. *

Kylian : bonjour, on est venu quérir audience auprès de l'animationde la reine, je veux dire.

* 10 sacs que ce putain de bled dispose même pas d'archives et qu'il va falloir taper la discut' façon barbie détective avec tous les anciens.

Le garde, si c'était bien de cela qu'il s'agissait (est-ce que la daronne avait vraiment besoin d'être protégée ?) s'étaient éloigner pour obtenir la réponse tant attendue, laissant Marvan et Kylian poireauter - seuls - jusqu'à son retour imminent. *

Kylian : sérieux, si on nous envoie bouler, je rage. J'ai déjà deux rdv avec des lords, j'en veux pas un troisième.

* Et pis en plus, ça veut dire devoir se repointer dans ce coin pourri et reporter ENCORE la nuit prévue avec Poivre et Lou, ces gros mauvais. Trop pas possible. Brûlez en enfer. *

[Père Castor]

*Que dire ... Si ce n'est que palais est pour moi un abus de langage cherchant un terme générique pour "habitat d'un Roi". Car bon, le bâtiment n'avait rien d'un palais classique. Dans un pays de fées dont le PIB repose sur le tricot, faut bien se douter qu'on est pas à Versailles.

Le machin ressemble aux autres baraques à ceci prêt que c'est un poil plus grand et puis faut pas déconner, ça reste très bucolique. Petit Royaume hein.

Pas vraiment de gardes, quelques fées qui laissent gentiment passer Kylian et Marvan avec le sourire. Oui, la sécurité du coin est limitée.

En bref, Kylian et Marvan arrivent devant très rapidement devant la reine. Le bâtiment étant constitué d'assez peu de pièce.

La Reine, une grande créature avec pleins de bras qui tricotent pleins de trucs, porte un regard vers les deux Voyageurs. Elle les fixe longuement derrière ses lunettes de soleil. Elle semblait attendre que ces derniers s'introduisent.*

[Marvan]

Arrivée devant la Reine, je restais bouche bée. J'entrepris la lourde tâche de compter le nombre de bras de la Reine, puis le nombre d'aiguilles avec lesquelles elle tricotait... En vain. Quand je pensais que mes deux bras et moi-même peinions à oeuvrer avec quatre aiguilles, j'enviais soudain la dextérité de la Reine des fées. Le dessin qu'elle était en train de tresser sur ce qui ressemblait à une grande couverture brillait d'une complexité que j'étais bien incapable d'apprécier. Je me mis à baver un peu, essuyai distraitement le filet de ma manche avec un manque de distinction caractérisée.

Je repris mes esprits, m'ébrouai un peu et élaborai une révérence maladroite avant de m'approcher.

- Madame la Reine, commençai-je, avant de douter de la formule de politesse. Ma Reine? Marraine la bonne f...? Je secouai la tête et enchainai : Je suis bien maladroite de me présenter devant vous, avec mon camarade. Désolé de vous déranger pendant votre ouvrage.

Je me tortillais sur moi-même comme une enfant de huit ans qui n'ose pas demander quelque chose. Je finis par prendre une inspiration, et dire :

- Serait-il possible de savoir d'où vous vient cette laine? Et ces aiguilles, quelle beauté! Combien de temps cela vous prend-il? Serait-il possible de jeter un coup d’œil au modèle? A moins que vous ne fassiez tout de tête? Oh...

J'avais fait quelques pas en avant et m'extasiai devant la laine brillante qui gisait à quelques centimètres de mes pieds, tressaillant sous les mouvements réguliers de la Reine. Je levai les yeux vers elle, comprenant que j'avais été un peu pressante, et me mis à rougir.

[Javeldose]

* Finalement, le planton revint pour donner l'autorisation d'entrer, sans plus de cérémonie. Pas de cor pour annoncer leur entrée, pas de crieur à la Louis XIV, déception.

Oui, je suis une narration qui aime le cliché.

Kylian entrait avec sa compère dans ce qui semblait être la grande salle qui faisait suite à l'antichambre, et marquaient une pause sur le pas. Ses yeux balayaient le mobilier : beaucoup de nappes et de soieries en dentelles - c'est bien, ça permettrait de se protéger en cas d'attaque à main armée (car seule une nappe de dentelle peut nous protéger !) - quand ceux de Marvan s'intéressaient à autre chose. La reine était à l'autre bout de la salle bordée de plusieurs portes qui laissaient présager le nombre de pièces qui la jouxtaient. Ils s'avancèrent sans plus de précipitation. *

Kylian : ha, ça me rappelle une blague. Tu connais celle des deux millepattes qui partaient en soirée, bras dessus, bras dessous, bras dessus, bras dessous, bras dessus, bras dessous, bras dessus, bras dessous....

* C'était une reine ouvrière qu'on retrouvait là. Pilier de l'activité de son propre royaume, du genre à se faire décerner le titre d'employer du mois avec tous ses bras (concurrence déloyale, moi je dis !). Cette rencontre semblait en perturber certains, ou certaine, au point de changer la couleur de ses répliques. *

Marvan : désolé de vous déranger pendant votre ouvrage.
Kylian : c'est un tricot, pas un bouquin.

* "Madame la Reine". Comme quoi, on pouvait avoir la plume heureuse et perdre tout sens lyrique devant quelqu'un. Elle semblait un peu surexcitée, ce qui est une belle contradiction, notez, de placer "un peu" et "surexcitée" côte à côte. Pendant un instant, Kylian vérifia qu'il n'avait pas l'un de ses démons sur son épaule, avec la frayeur que Marvan ait envie de MANGER la reine, ce qui poserait même des soucis à une immunité diplomatique... Il la rapatria de deux pas en arrière en pinçant le dos de son t-shirt. *

Kylian : on est quand même devant une reine, juste comme ça. soupira-t-il gêné. Milles excuses, la passion s'accorde mal avec la bienséance.

* Encore que ça faisait certainement plaisir à sa majesté qu'on reconnaisse son travail, qui est un peu le symbole de son royaume. *

[Père Castor]

*La reine avait levé les yeux de son affaire pour regarder Marvan et Kylian s'approcher d'elle. Elle garda le silence pendant que la jeune Voyageuse venait s'exciter devant elle en mode "Wah ! Je suis trop fan de votre travail". Elle se gratte la joue avec sa paire main libre. Car oui, elle se faisait un thé avec une paire de main libre en même temps. Genre elle fait pleins de trucs en même temps.*

-Ce truc ? Je dois bien le faire en une petite nuit si je me goure pas. Je fais les modèles que je dessine de tête. Beaucoup plus simple pour le travail.

*Car oui, la Reine Tricoteuse était forcément ultra-badass... Pour le tricot.*

-Mais je suppose que vous êtes pas là pour parler Chiffon ? Qu'est ce que vous me voulez ?

*Kylian comprendra que Madame se torche avec les conventions. C'était une Reine ouvrière, tu l'as pris pour la reine du bal de promo ?*

[Marvan]

En une nuit?! Je sentis mes bras baller pitoyablement. Faire ÇA en UNE nuit? J'eus simultanément envie de me taper la tête contre un mur, de me mettre à genoux et de promettre de ne plus jamais faire de tricot de ma vie, ce qui n'allait finalement pas trop ensemble. Comme la Reine avait l'air de se foutre copieusement des convenances, je ne voyais pas trop l'intérêt de prendre des gants avec elle. (En laine les gants, bien évidemment, c'est cousu de fil blanc! Arf, je perds le fil de ma narration. Arrêtez-moi, je suis incontrôlable.)

Je désignai alors mon camarade et déclarai :

- Ben, à vrai dire, c'est plutôt lui qui a des trucs à vous demander. Moi c'est vraiment le tricot qui m'intrigue.

Si, si.

[Javeldose]

(elle s'abstrait des cérémonies, m'enfin si on pouvait éviter de se comporter comme Rush de Last Remnant quand on s'adresse à un sang bleu pour éviter de passer pour des trisomiques, ce serait bien)

* Notre honneur ne tenait plus qu'à un fil, et Marvan avait coupé celui de Kylian, vraisemblablement. Elle exposait tout dans la finesse la raison de notre présence, c'est-à-dire la concernant : aucune raison particulièrement, et le concernant, un imminent remerciement d'être venu pour rien. *

Kylian : c'est charmant. Pour tout vous avouer majesté, je fais partie de la catégorie de voyageurs qui savent pertinemment qu'ils n'ont aucun but et servent un peu à rien. Alors plutôt que de mener des combats, je perds mon temps dans des bibliothèques et des archives pour découvrir les origines de dreamland, comment les royaumes se sont assemblés... ce genre de choses.

* "Mon cul sur la commode" avait failli lui échapper. C'était pas un lexique à tenir auprès d'un taulier. *

Kylian : je venais quérir auprès de vous l'accès à vos archives, si tant est qu'elles existent.

* Pourquoi prenait-il le soin de le préciser ? ON SE LE DEMANDE ! Les créatures des rêves ne semblaient pas se soucier de la postérité ou de l'étude de leur propre histoire. Peut-être était-ce un trait spécifique aux humains. *

[Père Castor]

*La Reine qui s'intéressait un tant soit peu à Marvan, faut dire que c'est rare quand les Voyageurs s'intéressent au tricot, venait de reporter son attention sur Kylian qui semblait être là pour une raison.

Toujours la même depuis un an. Où qu'on trouve des livres avec des informations.*

-Perdre ton temps dans des bibliothèques ? T'as pas du en perdre beaucoup ! Je suis pas certaine que ce genre de trucs existent bien à Dreamland. Hormis Bibliopolis qui récapitule les connaissances de votre monde ...

*Elle se gratte la joue.*

-L'histoire est plutôt orale dans le coin.

*Elle baisse les yeux vers le Voyageur.*

-D'autant que les questions que tu te poses ne sont pas réellement un mystère Voyageur. Ou t'écoutes rien, ou t'es peut-être un peu limité.

*Elle hausse ses multiples épaules.*

-La naissance et la prospérité d'un Royaume se définisse grâce aux rêveurs. Ce sont eux qui nous donnent notre vie et notre puissance. Il y'a fort à parier que Dreamland est apparu avec les premiers rêveurs. Mais puisque tu es tant intéressé par les mystères. J'ai entendu parler qu'il existait un homme qui était là à la naissance de Dreamland. Mais je serais bien incapable de te dire où est-ce qu'on peut le trouver.

*Ce qui n'avance à rien même si c'est toujours bien sur le principe de présupposer qu'un être existe en cette terre.*