*Krasghârn est dans la mouise. Jusqu'au cou. Plus de pouvoir pour lui, mais les oiseaux sont toujours là. Probablement un réflexe de survie, le jeune voyageur se met à réfléchir à toute vitesse, si bien que ce qui suit ne dure qu'une fraction de seconde avant que la femme arrive au contact. Krasghârn doit jouer ses atouts : sa capacité d'analyse et sa mémoire. Boostées par Simenon ou Conan Doyle, elle ont toujours été ses meilleures alliées. Elle lui ont donné de bonnes notes lorsqu'il n'avait pas révisé, elle lui ont permis de comprendre les maths basiques rapidement et de démasquer les coupables des meilleurs polars. Krasghârn est loin d'être un génie, il le sait. Mais il est très loin d'être stupide.*
-Ok. Résumons :
. -plus de pouvoir pour moi;
. -elle a toujours le sien;
. -le combat à mains nues n'est pas le meilleur moyen contre elle;
. -elle n'hésitera pas à me tuer.
Bref : il me reste trois options : la finir, supplier, ou mourir.
On élimine la seconde : tout d'abord ça serait un manquement impardonnable à la ligne de conduite que je me suis fixé : [mode Shônen ON] je ne dois jamais faiblir, surtout devant mes am... Bon, laisse tomber cet argument.[mode Shônen OFF]. Mais on laisse tomber quand-même. Même si mon amour-propre ne prendra jamais le pas sur mon instinct de survie, ça serait inutile. Nous vivons dans un monde où la violence a toujours été chose commune. Fréquente dans les bas-quartiers médiévaux, puis exacerbée par diverses révolutions au XVIII/XIXème, elle est aujourd'hui omniprésente même dans notre société occidentale, pacifique et moderne à travers films, jeux-vidéo... Les gens n'hésitent pas à y tuer sans justification. Bien-sûr, je ne m'appelle pas Natacha Polony et ne considère pas cela comme la source de la violence réelle, car bien rares sont ceux qui passeraient à l'acte. Néanmoins, rien ne différencie Dreamland d'un jeu-vidéo à part son réalisme. Moi-même, je n'ai jamais envisagé de tuer quiconque plus sérieusement que maintenant. Le fait de savoir que la victime survit IRL, et qu'elle n'en est pas affectée, ni mue par des pulsions vengeresses (vu qu'elle oublie tout) est libérateur.
La troisième est également peu souhaitable, pour des raisons qui me semblent relativement évidentes...
La première est donc la bonne ou, du moins, la seule viable. Là se pose un problème : comment.
Tout d'abord : quand taper. Une rapide analyse du combat précédent nous le dit : quand sa garde est faible. Les multiples romans d'aventure et films de combat apportent la suite : elle est faible lorsque ses membres se décollent de son corps. Lorsqu'elle frappe ou se déplace. Cela dépend du second point : où frapper.
Le principal danger est les oiseaux. Or il est impossible de les éliminer tous. Il faut donc que la femme en perde le contrôle, dans l'hypothèse où c'est bien elle qui les contrôle. De toute façon, s'ils sont autonomes d'une manière ou d'une autre, ou indépendants de son contrôle, je suis foutu.
Frapper le ventre et le torse permet d'affaiblir son adversaire jusqu'à l'épuisement total. C'est pour cela que les boxeurs se concentrent sur cette zone. Mais cela demande du temps, et j'en manque cruellement. Le boxeur Cassius Clay, plus connu sous son nom musulman de Mohammed Ali, préférait frapper la tête. Cela fatigue moins, mais étourdit, rendant l'adversaire plus vulnérable. D'ailleurs, comme le disait le Joker :
Le Joker a écrit:Ne jamais commencer par la tête ! La victime deviens confuse...
C'est là qu'il faut frapper. Si je l'étourdit suffisamment pour qu'elle perde le contrôle de ses oiseaux pour quelques secondes, je pourrai l'assommer. Mes poings ne seront pas suffisants. Heureusement, c'est une forêt; grosses branches et pierres ne manquent pas. D'ailleurs, je voie juste ici ce qui fera l'affaire.
Tout devra aller très vite. En un coup. Plus demanderait une exposition à découvert prolongée et une ressource d'énergie qu'un Krasghârn ruiné ne peut fournir. Le plan est en place. Sommaire et rudimentaire, mais c'est tout ce que peut proposer mon cerveau, soumis à la morsure de la douleur et à un tel épuisement. Frapper vite, frapper bien. C'est tout.
Mais elle va se méfier. Elle ne me frappera pas comme une grosse bourrine. Faudrait être con (au sens moderne du terme, s'il vous plaît). Tenter la même chose qu'avec la racaille d'hier ? Non, une variante.*C'est un Krasghârn en sang qui sort du fourré où il s'était réfugié, gémissant de douleur. La femme est à quelques mètres.*
-Fini de jouer... *Krasghârn a beaucoup de défauts. Nostalgique n'est pas dans la liste. Il n'hésite pas à broyer ce qui lui appartient et à le jeter aux ordures, et son amour-propre ne fait pas exception à la règle. Il arbore un air dément. Des larmes coulent des ses yeux. Il ne s'arrête pas pour se mettre à genoux. Il serait trop facile de le faire déchiqueter par les piafs. Il court vers la femme, tel un aliéné.*
-Pitiééééééééé ! Arêêêêêêtez ! Ça fait trop maaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaal !*La vraie douleur l'oblige à se tordre en avançant. Ces mouvements, ses suppliques, sa peau arrachée, le sang qui macule son visage et ses vêtements en font un piètre spectacle.*
-J'ai maaaaaaaaaaaaaaaaaaaaal !*Ce qu'il espère, c'est que la femme sera déstabilisée par la vision de ce corps lacéré et gémissant courant vers elle. Qu'elle ne fasse pas appel à sa conscience, mais à ses réflexes. La distance à parcourir est idéale : assez longue pour qu'elle réagisse, assez courte pour qu'elle ne pense pas. Dans l'idéal : il faudrait que la peur ou la surprise la fasse frapper. Sinon qu'elle se relâche au moins un peu. Mais qu'elle ne reste pas fixée sur une garde impénétrable. Si elle fait ça, il est mort. Le plan de Krasghârn repose sur quelques "si". Seulement quelques-uns, mais ils sont cruciaux. Il est impossible de ne rien laisser au hasard, même dans le cas présent. Surtout dans le cas présent.*
-PITIÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉ !*Deux cas :
1) La femme reste en garde. Krasghârn pose sa main rendue glissante de sang sur son bras et pousse. Deux cas :
1)1- La femme résiste. Elle a verrouillé sa garde. Krasghârn tente de la déséquilibrer, mais il sait que tout est perdu. Il ne parviendra pas à frapper la tête et un long combat est inenvisageable. Il se bat de toute son énergie et de toute sa rage jusqu'à une fin pitoyable, déchiqueté, râlant, sanguinolent. Mais jusqu'à la fin, il luttera. Avec ses dents, avec ses ongles, avec ses muscles en lambeaux.
1)2- La femme ne résiste pas ou peu. Elle s'est laissée effrayer/surprendre et Krasghârn parvient en poussant à ouvrir sa garde, suffisamment pour lui coller un coup de poing direct dans le menton. Les uppercuts sont les plus fameux moyens d'étourdir, voire d'obtenir un K.O.. Voir paragraphe 2)b. pour la suite.
2)a. La femme frappe. C'est le cas le plus probable : réflexe de base de tout humain civilisé et pas réellement entraîné. Krasghârn s'y attend donc. Il abaisse son centre de gravité tout en avançant, passant ainsi sous la garde de son adversaire, et se relève d'un seul mouvement, le poing tendu vers le haut, dans la mâchoire inférieure de la femme. Voir paragraphe 2)b. pour la suite.
2)b. (Les paragraphes 1)2- et 2)a. renvoient ici).
Krasghârn a frappé la femme à l'aide d'une bonne partie de l'énergie qui lui reste. Il espère que sa poupée a déjà assez entamé le boulot, et ramasse pendant l'instant de répit la pierre qu'il a repéré. Il assène à la femme de violents coups sur la tête, jusqu'à ce qu'elle soit K.O.. La nature du K.O. n'importe pas dans ce cas-là. C'est une question de vie ou de mort. Au sens propre.
Du moins, c'est le cas idéal. C'est ce que Krasghârn a en tête. Mais nul ne sait ce que la providence (ou le Mj) nous réserve...*