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La Discothèque d'Agué

Life is sound

Re: La Discothèque d'Agué

Message non lupar Aguétiel » 30 Juil 2017, 15:19

J'ai trouvé la compilation Unravelled Dutch Acoustic Sessions des Comsat Angels.

Je vais pleurer tellement c'est bon. J'ai plus eu autant de eargasms coup sur coup depuis ma découverte de Strange Times des Chameleons.

Leur anonymat me donne envie de crier ma rage. Tout est brillant sur cet album. Tout.

Putains de grands artistes.

L'histoire de la musique est tellement injuste :sad:

D'HAAAAAAAAAAAAA
We are young despite the years. We are concern.
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Re: La Discothèque d'Agué

Message non lupar Aguétiel » 19 Oct 2017, 14:50

The Comsat Angels - Sleep No More (1981)


Aujourd'hui, après une longue hésitation, j'ai décidé de vous présenter mon album préféré des Comsat Angels, le dernier groupe de la Sainte Trinité du post-punk britannique injustement méconnu (The Chameleons, The Sound, The Comsat Angels) et à la notoriété inversement proportionnelle au génie de leurs productions.

Par où commencer ?

Déjà en disant qu'ils ont largement fréquenté les membres de The Sound et des Chameleons avec qui ils ont d'ailleurs tourné au début des années 80.

Aussi en mentionnant qu'ils ont aussi tourné aux Etats-Unis avec Gang Of Four (groupe qui a largement influencé Franz Ferdinand, si ça vous dit quelque chose).

Et, enfin, en précisant que le guitariste de U2, The Edge, doit en grande partie son style à celui de Stephen Fellows, chanteur et guitariste des Comsat.

Les Comsat Angels étaient sans conteste l'un des meilleurs groupes de post-punk / new wave de leur temps. Fondé à Sheffield, capitale anglaise de l'acier, en 1978, ils se composait de Stephen Fellows (guitare, chant), Mik Glaisher (batterie), Andy Peake (claviers), Kevin Bacon (basse) sous le nom de Radio Earth. Après avoir assuré la première partie d'un concert de Pere Ubu, à Newcastle, ils décidèrent de changer de nom pour prendre celui de Comsat Angels, issu d'une nouvelle de J.G. Ballard. Ils ont enregisté leur premier EP, Red Planet, en 1979 grâce à un prêt du père de Mik Glaisher. Une copie envoyée au légendaire John Peel leur ouvrit les portes d'une Peel Session et d'un contrat avec la Major du disque Polydor. Disposant d'une certaine liberté artistique, ils produisirent en 3 ans 3 des plus brillants albums du début des années 80 : Waiting For A Miracle (1980), Sleep No More (1981) et Fiction (1982). Toute personne se prétendant fan de l'époque et du genre musical se doit, selon moi, d'avoir au moins entendu une fois cette trilogie dans son intégralité.

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Les Comsat Angels en 1982. De gauche à droite : Mik Glaisher, Stephen Fellows, Kevin Bacon, Andy Peake.


Si Wating For A Miracle constitue déjà un brillant premier album, les Comsats ont dressé la barre encore plus haut pour Sleep No More, sorti le 21 août 1981, qui est aujourd'hui unanimement salué comme leur chef-d'oeuvre. Sleep No More n'est pas une oeuvre facile d'accès. L'album est sombre, dense, torturé et terriblement morne. Se lancer dans l'écoute de Sleep No More demande un minimum de préparation mentale et d'ouverture. Ce n'est pas de la musique qui se laisse apprivoiser à la première écoute. C'est probablement ce qui rend cet album si remarquable, et l'écoute si gratifiante.

Il est important de préciser que les Comsat sont des maîtres incontestés du paysage musical et des ambiances. Leur musique, même morne et peu spectaculaire, est atmosphérique et donne un véritable relief à ce que vous écoutez. Le moindre son, la moindre parole est cinématographique. Et Sleep No More est l'abum où ces qualités sont le plus mises en avant. Tout peut y sembler lent et contemplatif, mais après quelques écoutes, je peux sincèrement vous affirmer que même les passages les plus lents sont d'une intensité rare. Oui, Sleep No More est une oeuvre d'une intensité musicale unique, non pas par sa musique épique et glorieuse qui défonce les tympans, mais, justement, parce que tout est sincère, restreint, introspectif, et que la production a apporté à l'ensemble une touche magique qui fait que le tout fonctionne parfaitement. Dans ce cadre, il importe de mentionner la stupéfiante performance de la section rythmique et les idées géniales que le groupe a eu pour la mettre en avant. L'instrument essentiel de Sleep No More est la batterie. Dans tout mon expérience d'amateur de musique, j'ai rarement entendu un album où la batterie était si puissamment mise en valeur. L'effet imposant et enveloppant a été obtenu en plaçant la batterie dans une cage d'ascenseur et en prenant le son à six étages différents... L'effet final en est saisissant.

Sleep No More est un album qui évolue, grandit, dévoile son génie après chaque écoute.

Si, au début, il me paraissait peu attrayant, je le considère après une centaine d'écoutes (au moins), comme une des œuvres musicales les plus brillantes qu'il m'ait été donné d'entendre. Et le sentiment revient à chaque écoute.

Commençant avec The Eye Dance, Stephen Fellows vous embarque dans une valse de guitare électrique originale et insaisissable tandis que la batterie tonne. Le jeu est dépouillé, les notes restreintes. Le refrain est glorieux. On vous embarque ensuite dans Sleep No More, une chanson au synthé prégnant, ondulant dans les ténèbres, et porté par la batterie puissante et uniforme de Mik Glaisher. Après cet interlude de calme, l'album lance sa chanson la plus épique : Be Brave. Probablement ma préférée. La basse de deux notes à peine est remarquablement mise en valeur tandis que la batterie fait vibrer l'ensemble du paysage musical composé. Une chanson très puissante. Commence ensuite Gone, reprise remarquablement quelques années plus tard par Martin L. Gore de Depeche Mode. De nouveau, batterie, basse, guitare, forment un paysage pesant qui s'envole dans la dernière minute de la chanson. Arrive ensuite Dark Parade, une chanson dont la thématique porte sur la prise d'otages à l'ambassade américaine de Téhéran durant la révolution islamique de 1979. C'est dans cette chanson que l'effet de puissance sur la batterie est le plus brillant de tout l'album. L'écoute de cette chanson me colle systématiquement des frissons rien que pour cette raison.

Vous venez de terminer la première face de l'ancien vinyle (que j'ai eu la chance d'acheter il y a deux ans de cela). Commence la seconde. Je m'attarderai sur Goat Of The West (jeu de guitare remarquable), Light Years (même chose) et surtout Our Secret, probablement la plus belle chanson de l'album.

L'impression générale qui domine est l'économie dans le jeu de guitare, la composition puissante des chanons, le génie rythmique et l'écriture brillante des paroles.

Tout simplement l'un des meilleurs albums des années 80.

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Tain, je veux un t-shirt avec cette couverture d'album dessus !


Note: 10/10
Best of: Tout

Pour terminer cet article, je vous conseille, si vous avez apprécié le style, d'écouter Fiction (1982) où l'instrument dominant est la basse. Et Fiction mérite tous les applaudissements rien pour une seule chanson, énorme, After The Rain, qui ouvre l'album. Un foutu chef-d'oeuvre de chanson, qui à elle seule garantit la place des Comsat Angels dans la légende du rock. Après Fiction, le groupe, délaissant les albums expérimentaux, se lança dans la course au succès. Sans succès. Leurs albums de cette époque (Land, Seven Day Weekend), même très agréables, pâlissent face au génie de leurs trois premiers albums. Ils se sont séparés en 1995, après trois albums qui ont rattrapé leurs errements du milieu des 80's : Chasing Shadows (1986) (produit par Robert Palmer, un de leurs plus grands fans) My Mind's Eye (1992) (dernier sursaut de génie du groupe) et The Glamour (1995) (album presque de grunge, Nirvana est passé par là).
Dernière édition par Aguétiel le 10 Jan 2019, 23:33, édité 1 fois.
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Re: La Discothèque d'Agué

Message non lupar Aguétiel » 28 Fév 2018, 11:13

Nouvelle chronique en préparation, mais, comme d'hab, j'ai trop d'envies et je me perds complètement.

Sinon, le nouvel album de Simple Minds est génial. Si vous aimez, allez écouter, il vaut VRAIMENT la peine. C'est de la bombe ! Il écrase le nouveau de U2.
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Re: La Discothèque d'Agué

Message non lupar Aguétiel » 14 Juin 2018, 20:57

The Go-Betweens - 16 Lovers Lane


Il y a des découvertes qui changent un fan de musique, qui réorientent l'aiguille de sa boussole dans sa quête sans fin de découvertes et de frissons. Qui remettent en perspective son paysage musical mental.

C'est ce genre de découverte que j'ai fait tout récemment.

il y a quelques semaines encore, j'ignorais complètement l'existence d'un merveilleux groupe australien, alors que ce pays a été (et est toujours) un extraordinaire vivier d'artistes pop-rock. Je me contentait de ce que je connaissais déjà, et je citais sans hésiter une flopée de grands noms que j'apprécie tout particulièrement : The Church, Men At Work, INXS, Crowded House, Midnight Oil... J'étais satisfait, au final, mais je me rends compte que ma carte mentale manquait encore d'un territoire essentiel. Il manquait ce qui est probablement le plus grand groupe de pop australienne ayant existé.

Les Go-Betweens.

Quand on recherche ce nom, on tombe rapidement sur des sites qui mettent en évidence une chose. Oui, on peut parler d'évidence, surtout quand elle est aussi largement partagée. Les Go-Betweens auraient pu, auraient du, devenir un des plus grands groupes du monde. Surtout avec l'album dont je vais vous parler : 16 Lovers Lane.

L'histoire de la musique est bien ironique et cruelle. Malgré la sortie en 1988 de 16 Lovers Lane, leur meilleur album, et une tournée en première partie de REM, les Go-Betweens se sont séparés en 1989. Ils associent leur nom, non pas au succès mondial, mais au succès culte. On parle d'eux entre initiés. On plane ensemble dans les incroyables vertiges amoureux de 16 Lovers Lane. Et on rage de ne jamais entendre de merveilles comme Love Goes On !,Streets Of Your Town ou Love Is A Sign à la radio. On répand, comme on peut, la connaissance de leur nom. Parce qu'ils le méritent. Parce qu'ils auraient dû être salués à la sortie de 16 Lovers Lane comme un des meilleurs groupes pop de leur génération.

C'est en août 1988 qu'ils sortent 16 Lovers Lane, enregistré dans la plénitude sans fin de l'été austral de 1988. L'album est saisissant, renversant. Il est impossible de ne pas s'envoler à des hauteurs stratosphériques dès l'écoute des premières notes. Les textures des chansons sont riches et complexes. Les textes, magnifiques. La musique d'une honnêteté sans faille. Le groupe, en proie à dissensions amoureuses semblables à celles que Fleetwood Mac a connues au temps de l'enregistrement de Rumours (voir plus haut), chante l'amour comme peu avant ou après eux l'ont chanté. Le tout sur une musique intemporelle, solaire, terriblement entraînante et chaleureuse. 16 Lovers Lane célèbre l'amour sans fin, l'espoir invaincu, la joie de vivre, et ne verse jamais dans l'amertume ou le regret de la séparation.


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16 Lovers Lane, y u so gud ???


Le ton est donné dès les premières notes de Love Goes On ! 16 Lovers Lane est album de pop, dans la plus pure tradition 60's, avec des accroches de guitares carillonnantes, un chant clair et mélancolique, des violons légers. En quelques secondes, quelques vers de poésie, l'auditeur se plonge dans les plus profonds secrets de l'Amour, le Grand, le Beau, le Vrai. "There's a cat in my alleyway/Dreaming of birds that are blue/Sometimes when I'm lonely/This is how I think about you/There are times when I want you/I want you so much I could bust/I know a thing about lovers/Lovers lie down in trust/The people next door they got problems/They got things they can't name/I know about things about lovers/ Lovers don't feel any shame/Late at night when the light's down low/The candle burns to the end/I know a thing about darkness/Darkness ain't my friend/Love goes on anyway." On est accroché au ciel, on plane dans les nuées. Et ce n'est que le début du disque !

16 Lovers Lane ne souffre d'aucun moment de faiblesse. Les chansons sont tour de force musical sur merveille littéraire. Je pourrais détailler chacune d'entre-elles, mais cela n'aurait pas un grand intérêt. Il est bien plus intéressant de vous les laisser découvrir, l'une après l'autre, et de vous laisser frissonner au son des violons et des harmonicas. De faire, au final, ce merveilleux voyage vous-mêmes. Et n'hésitez pas, si vous maîtrisez bien l'anglais, à écouter toutes les chansons avec leur texte sous les yeux. 16 Lovers Lane a la réputation, justifiée, d'être un ensemble de poèmes mis en musique. Sur Dive For Your Memory : "If the cliffs were any closer / If the water wasn't so bad /I'd dive for your memory / On the rocks and the sand." Sur Love Is A Sign : "Me in freezing weather / Snow cuffs on my wrists / You're down by the river / And London no longer exists / This is what I find / No matter what you say / No matter what you do / I want to be the one / And Love is a Sign." Sur Clouds : "The clouds are here / They aren't up in the sky / I cupped them with my hands / And reached up high / I said to these clouds / No more am I blind / I have to see straight / And that will make me unkind."

DAAAAAAMN SON ! On en a pas fait beaucoup des comme ça !

Mention spéciale à Streets Of Your Town, une délicieuse ballade estivale dans les rues de Brisbane, tube mineur en Angleterre, qui passa brièvement sur les radios universitaires aux Etats-Unis, mais ne suffit pas à faire percer le groupe. Dommage, la chanson et son accroche de guitare sont tout simplement irrésistibles. Rage et sel dans mon cœur de fan.

L'impression qui domine est la légèreté, la chaleur, l'espoir, la douceur de vivre, l'exaltation de la plus belle de toutes les émotions. Les guitares carillonnent, les harmonicas soupirent, les violons dansent, et mon petit corps d'amateur de musique, chanson après chanson, frissonne de la tête aux pieds. C'est ça, l'effet de la grande musique.

Un immense, immense album, totalement culte, un trésor caché qui mériterait d'être porté aux nues et célébré pour ce qu'il est : un chef-d'oeuvre de la musique populaire, digne de siéger à la table des plus grands.

Note : 10 /10
Best Of : Tout ! Tout putaing ! Comment c'est possible de faire un album aussi parfait qui se plante à ce point ? *Se frappe la tête contre les murs.*

Si vous avez aimé 16 Lovers Lane, je ne peux que vous conseiller de vous plonger dans les albums ayant précédé celui-ci, en particulier Before Hollywood et Tallulah. Before Hollywood contient Cattle And Cane, une superbe chanson ayant presque atteint le statut du tube que les Go-Betweens cherchaient à faire pour percer. Tallulah contient entre autres le sublime Bye Bye Pride, qui est sans doute un des plus beau usages du hautbois dans la musique pop-rock jusqu'à nos jours. Damn. Tellement de bonnes chansons. Rage et sel dans mon cœur de fan. Au final, écoutez, faites votre avis, explorez, mais, clairement, il faut admettre le statut culte des Go-Betweens est tout simplement criminel.
Dernière édition par Aguétiel le 20 Jan 2021, 18:27, édité 5 fois.
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Re: La Discothèque d'Agué

Message non lupar Aguétiel » 26 Fév 2019, 21:46

Une fois n'est pas coutume, ce soir, je tiens à rendre hommage à cet immense artiste, Mark Hollis, chanteur de Talk Talk, dont j'ai déjà parlé ici, qui est décédé hier soir.

Outre sa capacité à écrire de merveilleux textes et chansons, il possédait certainement l'une des plus belles voix du rock, unique, grave, avec ce grain si particulier qui pouvait faire frissonner de bonheur l'amateur de musique dès les premiers mots.

Talk Talk était bien plus que Such A Shame ou It's My Life, c'était une carrière d'une décennie, émaillé de cinq albums, dont la qualité et la créativité n'a fait qu'augmenter avec le temps. C'était un son organique, éminemment mélodique, incroyablement travaillé et réfléchi. Véritablement, Talk Talk était un groupe d'Artistes, de créateurs de génie, menés par la vision intransigeante de Mark Hollis, qui refusait de faire des concessions sur son art. Il suffit, pour s'en convaincre, de constater le fossé qui sépare Colour Of Spring (1986) de Spirit Of Eden (1988). Cet album, inclassable, sidérant de beauté, totalement hors des canons musicaux, leur a valu de se faire congédier par leur maison de disques. Cela n'a pas arrêté Mak Hollis et Talk Talk, qui ont poursuivi avec un ultime album, Laughing Stock (1991), autre oeuvre majeure de la musique moderne. Enfin, Mark Hollis a disparu, très humblement, peu après, en refusant de faire un nouveau compromis. Sa carrière ou sa famille. Le choix a été fait, et il s'y est tenu pendant vingt ans, entre la sortie d'un projet solo en 1998 et maintenant.

Peu de groupes et d'artistes peuvent se targuer d'avoir inventé un genre musical ; Talk Talk a inventé le post-rock de groupes comme Sigur Ros ou Radiohead. Je dis souvent que pour se convaincre de la qualité d'un groupe, il suffit de voir comment il est considéré par ses collègues musiciens. Quand on voit les réactions des contemporains de Talk Talk et des groupes plus récents qui le revendiquent comme influence, on ne peut que tirer un seul constat...

Mark Hollis faisait partie des plus grands artistes de son temps. Après ces années de silence et d'humilité, il entre, comme il se doit, dans la légende.
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Re: La Discothèque d'Agué

Message non lupar Aguétiel » 20 Jan 2021, 18:26

The Triffids - Born Sandy Devotional


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Bonjour, je suis un album légendaire avec une couverture magnifique


The Triffids ? Mais qu'est-ce que c'est que ça encore ? Qu'est ce qu'il est encore allé nous déterrer ce malade ?

Alors, selon Google, ce sont des monstres-plantes issus d'une nouvelle de science-fiction nommée The Night of the Triffids.

Je me suis posé cette question quand j'ai découvert ce groupe, par hasard, sur Youtube. Une chanson nommée Wide Open Road avait fait son apparition dans mon feed Youtube grâce à la magie de l'algorithme. Si je me souviens bien, ils étaient arrivés juste après une écoute des Go-Betweens.

Toujours avide de nouveautés, j'écoute.

Et là, paf, je me prends une claque monumentale, du genre solide uppercut, comme j'ai ai rarement en musique.

Au secours, pensé-je, c'est une des toutes grandes chansons des années 80, qui devrait figurer au firmament des classiques de la musique ! Comme ça ce se fait que ça ne passe jamais en radio ? Même sur le service public belge, qui est déjà vachement qualitatif ?

J'en sors sidéré, charmé, j'ai quitté pendant quelques instants ce plat pays qui est le mien et j'ai été transporté à des dizaines de milliers de kilomètres ici sur une route déserte, dans une vieille voiture lancée à vive allure et soulevant sur son passage des nuages de poussière.

Car c'est là la magie des Triffids et de leur œuvre principale, Born Sandy Devotional. Il y a quelque chose dans ce son... Et ça fait des années que j'essaie de mettre des mots dessus, sans succès. Je vais donc essayer de le formuler avec mes simples mots, limités bien entendu. Il y a l'esprit du lieu dans cette musique, et c'est en quelque sorte un miracle. Chaque note, chaque texte, chaque ambiance musicale dans cet album déroule dans l'esprit de l'auditeur rien de moins que l'Australie, dans son immensité terrible, vide et désertique.

Décidément je me demande ce qui s'est passé en Australie et en Nouvelle-Zélande dans les années 80, parce qu'ils ont produit une quantité invraisemblable de groupes tous simplement exceptionnels qui ont considérablement enrichi le patrimoine musical mondial. Qu'on ne vienne plus jamais me dire, comme j'entends souvent, que les années 80 sont un repère à merde dont il n'y a rien à sauver. Bordel.

Mais assez de mes plaintes récurrentes. Passons à la musique.

Les Triffids sont un groupe australien formé autour de David Mc Comb, immense auteur-compositeur-interprète, totalement oublié et négligé en Europe bien sûr (comme souvent), considéré dans son pays comme un des plus grands de sa génération (il est mort depuis, paix à cette grande âme).

Et enfin, en 1985, ils enregistrent leur magnum opus, Born Sandy Devotional, dans un studio londionnient, à des dizaines de milliers de kilomètres de chez eux. Les terres arides et rouges de l'Australie sont à l'autre bout du monde, mais l'esprit de la terre est dans les esprits, les mots et la musique. En quelques semaines, les Triffids enregistrent... une merveille. Il n'y a pas d'autre mot pour décrire Born Sandy Devotional. La musique est à ce point qualitative qu'ils seraient pour moi toujours considérés comme des artistes cultes s'ils n'avaient enregistré que ce seul album. David Mc Comb le sait et le déclare à la presse.

When we finished Born Sandy Devotional I knew it was the best thing we’d ever done, there was no question about it. The writing was much more autobiographical than anything I’d done before, I felt quite close to the subject matter. I found myself almost following the idea of fidelity as a complete all-consuming faith, to give you some sort of direction or something.

And 'Born Sandy Devotional'? It was the name of a song which didn’t make it onto the record which is about someone called Sandy ... I like titles like those, they’re just a law unto themselves and they have a feeling unto themselves.

Born Sandy Devotional is the culmination of our efforts trying to capture our more considered lyrical approach with a physical intensity ... well not really, but that will have to do.


Le couverture de l'album, superbe, donne une idée du contenu. Il s'agit d'une photographie prise d'un avion de la commune de Mandurah, en Australie-Occidentale, en 1961. Aujourd'hui, Mandurah a bien changé. Elle est devenue un grand centre périurbain de Perth.

Born Sandy Devotional est à l'opposé thématique d'un autre album exceptionnel dont j'ai déjà parlé auparavant (16 Lovers Lane des Go-Betweens). Si les parallèles musicaux entre les Go-Betweens et les Triffids sont nombreux (et logiques en fait), Born Sandy Devotional est sombre au possible. On y aborde pêle-mêle le suicide, la nostalgie, la séparation, le désespoir, la solitude, la folie. Mais le tout est tellement riche musicalement et textuellement que le propos n'en devient qu'un support de l'œuvre d'art. Sans parler des arrangements, qui, loin d'être datés comme souvent dans des productions 80's (c'est ce qui fait leur charme selon moi, mais c'est purement subjectif, bien sûr), rehausse la musique comme il se doit, et soutient l'ambiance créée par les guitares lancinantes, le synthé menaçant, la basse claquante, et surtout le chant grave et riche de David Mc Comb.

Ah David Mc Comb. Quelle voix ! Ce baryton profond et riche, et surtout ses textes ! Ses textes mon dieu ! J'en ai déjà parlé mais quel talent pour, en quelques lignes, dépeindre une scène. Un minimum de mots pour un maximum d'effet. Dans des interviews, il explique qu'il voulait qu'on se rappelle de lui plus comme un auteur que comme un composteur de chansons. Il suffit pour s'en convaincre d'examiner le texte de The Seabirds, la première chanson de l'album. Une chanson qui parle d'un suicide. Un homme en procédure de divorce nage vers un récif pour s'y noyer et livrer son corps à l'appétit des oiseaux de mer.

Charmant, n'est-ce pas ?

No foreign pair of dark sunglasses
Will ever shield you from the light
That pierces your eyelids, the screaming
Of the gulls / Feeding off the bodies
Of the fish, thrashing up the bay till it was
Red, turning the sky a cold dark colour
As they circled overhead.
He swam out to the edge of the reef,
There were cuts across his skin,
Saltwater on his eyes and arms, but
He could not feel the sting / There was
No one left to hold him back, no one
To call out his name, dress him feed
Him drive him home, say 'Little boy
It doesn't have to end this way!'
He announced their trial separation, and
Spent the night in a Park Beach Motel
Bed, a total stranger lying next to him,
Rain hitting the root hard over his head /
She said 'What's the matter now lover
Boy, has the cat run off with your
Tongue? Are you drinking to get
Maudlin, or drinking to get numb?'
He called out to the seabirds 'Take me
Now, I'm no longer afraid to die', but
They pretended not to hear him, and just
Watched him with their hard and bright
Black eyes /
They could pick the eye
From any dying thing that lay within
Their reach, but they would not touch
The solitary figure lying tossed up
On the beach.
So, where were you?


Ce texte est merveilleux. C'est un film halluciné en quelques fragments évocateurs. Car là réside le talent de Mc Comb et de son groupe. Evoquer. C'est ça le miracle de Born Sandy Devotional. Sa puissance d'évocation. Et c'est ce qui en fait une œuvre d'art et un album à écouter au moins une fois dans sa vie.

Dayum je suis enfin arrivé à trouver des mots sur cette impression.

Je pourrais passer sur d'autres chansons de l'album, mais je vais m'attarder sur celles qui constituent selon moi les plus hauts sommets de l'album : Wide Open Road - bien sûr -, mais aussi Lonely Stretch et Stolen Property.

Lonely Stretch est une chanson particulière. Il faut connaître la géographique australienne pour saisir la portée de ce texte. Il existe en Australie une grande plaine nommée Plaine de Nullarbor. Le lieu porte bien son nom : il n'y a aucun arbre qui peut pousser à cet endroit. Le Nullarbor est le plus grand plateau calcaire de la planète : 1200 km de long sur 400 de large. La moindre pluie qui tombe s'infiltre directement dans le sol. Le texte ici narre l'histoire d'un homme perdu, blessé par une histoire d'amour qui s'est mal terminée, qui se perd sur cette portion de route déserte et qui s'enfonce dans la folie. "I took the wrong turn, I couldn't find my way back". Au fur et à mesure de sa dérive, la musique se fait plus intense, le chant de Mc Comb plus menaçant, avant de se perdre dans un feu d'artifice où plus rien n'a de sens.

Stolen Property reste dans la même thématique. Je l'inclus ici parce que j'aime particulièrement son orchestration et ses arrangements. Je vous invite à l'écouter pour le crescendo et la puissance vocale de Mc Comb.

Et puis enfin, il y a Wide Open Road...

Wide Open Road...

Putain Wide Open Road...

Je pourrais disserter des heures durant sur cette merveille. Elle est incontestablement le sommet de toute l'œuvre des Triffids. Leur plus grande réussite. Leur héritage pour le monde entier et tous les musiciens qui les ont suivis. Elle fait partie de ces rares compositions qui ne peuvent être issues que d'un éclair de génie, que d'une pulsion remontée du plus profond des tripes de son auteur. Tout est y est parfait. La production, typiquement années 80, ne gâche rien. Mieux, elle élève l'ensemble. Le jeu de batterie qui roule comme des tambours, la basse claquante, le synthé envolé, la guitare lancinante, tout contribue à la construction d'une ambiance unique, éthérée, qui accompagne impeccablement le texte et le chant de Mc Comb. Et quand Mc Comb chante avec sa voix profonde "Well the drums rolled in my forehead", la batterie tonne dans vos oreilles, accompagnant le chagrin de ce personnage perdu. Oui, Wide Open Road résume à elle seule le miracle de Born Sandy Devotional : elle évoque. Elle appelle à l'esprit le paysage australien, si lointain, rouge, vide et poussiéreux, brûlé par le soleil, que parcourt cette route déserte dont parle Mc Comb. Cette piste vide est que le reflet du paysage mental d'un être qui se désole de sa solitude. Et, tandis que fonce le véhicule, les limites du ciel et de la terre se fondent ; les émotions et le paysage se confondent. Et devant vous cette route déserte s'élance vers l'horizon infini, vers la liberté, vers n'importe où où tu désires aller.

Comme vous vous en doutez, le succès n'a pas été à la hauteur des ambitions artistiques des Triffids. Trois albums parurent après Born Sandy Devotional : In The Pines (1986), un album minimaliste et acoustique, Calenture (1987) et The Black Swan (1989). Comme les Go-Betweens, lassés par ces échecs commerciaux successifs, les Triffids se séparèrent. Mac Comb poursuivit brièvement une carrière solo et publia un album en 1994 : Love Of Will. Il vécut quelques années à Londres avant de s'installer en Australie, à Melbourne. Souffrant de problèmes de dos, alcoolique et abusant de substances telles que l'héroïne et les amphétamines, sa santé se dégrada. Il subit une transplantation cardiaque en 1996, mais poursuivit ses abus. En 1999, il fut impliqué dans un accident de voiture et brièvement hospitalisé. Il mourut chez lui quelques jours plus tard d'un rejet de sa greffe de cœur. Il avait 36 ans.

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David Mc Comb fut incinéré et ses cendres dispersées dans un bosquet de pins situé sur la ferme de ses parents à Jerdacuttup, dans son Australie-Occidentale natale, qui a hanté toutes ses compositions.

Que reste-t-il aujourd'hui de l'héritage de David Mc Comb et des Triffids ?

Une discographie impressionnante, des chansons aux textes renversants, le respect de toute une scène musicale qui regrette amèrement son décès prématuré, et un classement de Wide Open Road aux archives audiovisuelles de l'Australie en 2021. Oui.

Plus de Triffids ?


A votre service mesdames et messieurs.

La version de Wide Open Road enregistrée pour les Peel Sessions
Born Sandy Devotional, la plage titre de l'album éponyme, qui n'a jamais été terminée et figure seulement sur In The Pines
Bury Me Deep In Love, le single tiré de Calenture
Well the rim of her mouth was golden
Her eyes were just desert sands
But that's not her!
That's just the light
It's only an image of her
It's just a trick of the light
[...]
You remind me very much
Of someone that I used to know
We used to take turns crying all night
Oh, but that was so long ago now
Dernière édition par Aguétiel le 19 Mai 2022, 12:27, édité 10 fois.
We are young despite the years. We are concern.
We are hope despite the times.


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