Je repris mon souffle.
Une seconde s'écoula sans que je comprenne ce qui venait de se produire. Une douleur lancinante faisait grincer mes phalanges, mais je ne sentais rien, comme on finit par ne plus entendre le grésillement constant d'un néon. Clignant les yeux, éberluée, je contemplai du haut de mon perchoir les conséquences de mes actes. Une odeur de fumée, presque de chair grillée flottait dans l'air. D'ici, je pouvais voir la masse grise de la créature : une tache plus sombre creusait le pelage épais au niveau de la poitrine, là où la foudre l'avait frappée. Maintenant qu'elle gisait sur le flanc, inerte, elle avait perdu le charisme mystique des animaux en furie, et révélait enfin une grâce délicate de louve endormie : on aurait pu deviner, cachés sous elle, les formes minuscules que la maternité refuse de dévoiler au monde. Je ne pouvais dire ce qui me faisait croire qu'elle était mère : je le savais malgré tout. Elle paraissait parfaitement inoffensive, et je fus assenée par un sentiment brutal de culpabilité.
Je descendis de ma branche en un bruit étouffé, mais ce bruit seul me donna l'impression de briser une minute de silence. Je m'avançais vers celle qui avait été mon ennemie quelques secondes plus tôt, et qui se tendait vers moi la gueule ouverte, à ma merci. Oubliant toute prudence, je caressais le poil dru de la bête, et glissais mes doigts jusqu'à son cou. Le pouls semblait ténu, mais présent : ou était-ce mon imagination qui tentait de me rassurer? C'était la première fois que je blessais un animal, et je priais pour ne pas lui avoir ôté la vie.
Je finis par me détourner, incapable de constater l'étendue de mes actes. Mon regard glissa sur Hikari sans s'attarder. Une seconde, j'oubliais qu'il était celui que j'avais tenté de sauver, celui pour qui j'avais renié mes principes, et m'étais éloignée de moi. Une grimace amère me déforma le visage un instant. Étais-je vraiment capable de tuer pour la vie d'un inconnu?
Une forme avachie dans les broussailles attira mon attention. Inconsciente, elle semblait être tombée de l'arbre à l'instant même où l'éclair avait surgi. Je soulevais la branche qui l'avait blessée et découvris avec surprise un visage connu. En temps normal, mille questions m'auraient traversé l'esprit, mais je n'avais alors en tête qu'un nuage de coton. Je ramassais la pièce stylisée qu'elle tenait dans sa main afin qu'elle ne la perde pas, soulevai son corps lourd de son évanouissement, et m'éloignai du combat que je tentais d'effacer, pas à pas, de ma mémoire.
Une seconde s'écoula sans que je comprenne ce qui venait de se produire. Une douleur lancinante faisait grincer mes phalanges, mais je ne sentais rien, comme on finit par ne plus entendre le grésillement constant d'un néon. Clignant les yeux, éberluée, je contemplai du haut de mon perchoir les conséquences de mes actes. Une odeur de fumée, presque de chair grillée flottait dans l'air. D'ici, je pouvais voir la masse grise de la créature : une tache plus sombre creusait le pelage épais au niveau de la poitrine, là où la foudre l'avait frappée. Maintenant qu'elle gisait sur le flanc, inerte, elle avait perdu le charisme mystique des animaux en furie, et révélait enfin une grâce délicate de louve endormie : on aurait pu deviner, cachés sous elle, les formes minuscules que la maternité refuse de dévoiler au monde. Je ne pouvais dire ce qui me faisait croire qu'elle était mère : je le savais malgré tout. Elle paraissait parfaitement inoffensive, et je fus assenée par un sentiment brutal de culpabilité.
Je descendis de ma branche en un bruit étouffé, mais ce bruit seul me donna l'impression de briser une minute de silence. Je m'avançais vers celle qui avait été mon ennemie quelques secondes plus tôt, et qui se tendait vers moi la gueule ouverte, à ma merci. Oubliant toute prudence, je caressais le poil dru de la bête, et glissais mes doigts jusqu'à son cou. Le pouls semblait ténu, mais présent : ou était-ce mon imagination qui tentait de me rassurer? C'était la première fois que je blessais un animal, et je priais pour ne pas lui avoir ôté la vie.
Je finis par me détourner, incapable de constater l'étendue de mes actes. Mon regard glissa sur Hikari sans s'attarder. Une seconde, j'oubliais qu'il était celui que j'avais tenté de sauver, celui pour qui j'avais renié mes principes, et m'étais éloignée de moi. Une grimace amère me déforma le visage un instant. Étais-je vraiment capable de tuer pour la vie d'un inconnu?
Une forme avachie dans les broussailles attira mon attention. Inconsciente, elle semblait être tombée de l'arbre à l'instant même où l'éclair avait surgi. Je soulevais la branche qui l'avait blessée et découvris avec surprise un visage connu. En temps normal, mille questions m'auraient traversé l'esprit, mais je n'avais alors en tête qu'un nuage de coton. Je ramassais la pièce stylisée qu'elle tenait dans sa main afin qu'elle ne la perde pas, soulevai son corps lourd de son évanouissement, et m'éloignai du combat que je tentais d'effacer, pas à pas, de ma mémoire.