Je posais mes poings sur mes hanches et regardai Pix avec lassitude.
- Hum, c'est vrai, fis-je d'un ton taquin en me tapotant le menton de l'index, comment de jeunes étudiants en médecine pourraient-ils rencontrer des comateux?... J'arrêtais mon manège en souriant. Je te rappelle qu'on a un stage à faire en réanimation, c'est l'occasion rêvée pour découvrir tout ça.
Je commençais à marcher en prenant une direction au hasard, et expliquai à Pix mon raisonnement.
- On n'aurait qu'à penser au patient avant de s'endormir, et on le rencontrerait dans Dreamland! Je suppose qu'à partir de là, ce sera facile de deviner s'il est un Voyageur permanent ou non.
Je m'arrêtais, soudain prise d'une idée problématique.
- Par contre, effectivement, à moins d'avoir un Lucky Star pour témoigner sous la main, on a aucun moyen de savoir si tuer la personne permettra de la réveiller pour de bon... Mais tu penses vraiment que le mec du métro en savait plus? Il n'avait même pas l'air de croire à l'existence d'un Voyageur permanent. Quant à ta remarque...
Je marquais une pause, réfléchissant à ce qu'avait dit Pix.
- Je ne comprends pas plus que toi que personne n'ait eu cette idée avant moi. Toi qui a l'air de ne justement pas vouloir mêler Dreamland au monde réel, tu dois être le premier à comprendre.
Je fis un geste pour désigner notre environnement. L'endroit était clairement abandonné, mais il avait de toute évidence été habité pendant un bon moment. Si pour l'instant, on ne croisait pas un chat, cela ne voulait pas dire qu'il ne restait pas encore quelque part quelqu'un pour nous renseigner.
- Visiblement, l'individu qui était Voyageur permanent a mis tout son coeur pour faire vivre cet endroit. Et d'ailleurs, pour ce que j'en sais, c'est peut-être même lui qui l'a créé, si j'ai bien compris cette histoire de Rêveurs qui donnent vie aux Royaumes. Il y aura forcément quelqu'un ici pour nous renseigner et nous expliquer ce qui s'est passé.
Je poussais un soupir et mes épaules s'affaissèrent. Je voyais bien que je peinais à convaincre mon camarade, mais j'étais sûre de moi. Nous avions l'opportunité d'agir dans Dreamland, non pour seulement kiffer le fait de contrôler nos rêves, mais pour avoir un réel impact sur le monde réel. Je venais peut-être enfin de trouver la vraie motivation qui me manquait, la quête qui me pousserait à m'améliorer,... et Pix n'avait pas l'air de la considérer avec sérieux.
- S'il te plait, fis-je doucement, fais-moi confiance sur ce coup. Tu me connais, tu te doutes que je tuerais pas des péquenauds comme ça juste pour tester une théorie. Je suis sûre que ça va marcher.
Je serrai les dents, et ajoutai :
- C'est triste à dire, mais je serais prête à me tromper dans l'espoir de pouvoir sauver tous ces gens. Ce serait un terrible sacrifice, et il me faudrait une sacré thérapie, mais si j'ai raison...