Le lac trouble

[Marvan]

Je le suivis jusqu'à la clairière, un peu sur les nerfs. À chaque pas, j'essayais d'élaborer tous les scénarios possibles, pour limiter l'effet de surprise. Quand bien même, j'étais bien incapable de deviner quel serait le pouvoir de mon adversaire. Je savais à part moi qu'il était primordial que je lui dissimule le mien le plus longtemps possible.

Tout en marchant, je m'efforçais de ne pas garder les yeux fixés sur mon auriculaire, qui reposait sur l'épaule de Tim. Ça aurait été bête qu'il s'aperçoive de sa présence par ma faute. Je détachais le regard de son dos et observai un peu les alentours. C'était un coin à l'écart, mais suffisamment proche du lac pour retomber rapidement sur nos autres camarades. L'endroit était plat, dégagé : pas de rocher en plein milieu sur lequel se fendre le crâne, pas de tronc impromptu sur lequel trébucher. C'était effectivement un endroit dénué de danger. Je fis la moue : après tout, peut-être qu'un environnement accidenté m'aurait permis de cacher mon pouvoir plus longtemps...

Lorsque nous fumes face à face, séparés de quelques mètres, je sentis l'appréhension monter au creux de mon estomac. D'un geste, il m'invitait à amorcer le combat. Cela ne me surprenait pas, puisque je m'étais préparée à une telle éventualité, mais c'était un choix qui me déplaisait : n'étant pas belliqueuse de nature, j'attendais de ce combat l'occasion d'apprendre à me défendre, pas à attaquer. Je ne savais pas par quel bout commencer.

Assez naturellement, je me mis à tourner en rond, comme font les gens dans les westerns. Je me sentis ridicule assez vite, mais cela me permit de réfléchir à un plan. J'avais noté avec intérêt que nous marchions dans une prairie sauvage, et que les herbes folles nous atteignaient facilement le genou. Alors que nous nous tournions toujours, je fis semblant de trébucher, et me rattrapai au sol avec ma main gauche. Comme je l'avais prévu, il s'interrompit, attendant que je me relève. J'ordonnais alors à ma main de se détacher et elle se mit à progresser lentement dans les hautes herbes. Alors que je me redressai, feignant un certain embarras, je dissimulais mon moignon dans mon dos, stoppant du même coup notre ronde d'intimidation. Je me mordis la lèvre : tout aurait été bien plus facile si j'avais eu un pantalon et des poches dans lesquelles cacher l'absence de ma main! Seulement, avec la petite tenue que je portais, il était bien difficile de trouver une quelconque cachette.

Je levai les yeux et croisai son regard. Était-il dupe? Il avait l'avantage de savoir que j'étais en mesure de dissocier l'un de mes yeux, et n'aurais pas de mal à extrapoler cette donnée pour deviner mon pouvoir. Patiemment, je restais immobile, attendant sa réaction.

[Père Castor]

*Marvan se mit à tourner autour de lui. Lui, tournait autour de lui-même attendant qu'elle se décide à attaquer. Elle tournait, hésitante.*

Mais qu'est ce qu'elle fout ?

*Le Voyageur ne cacha pas sa ... Perplexité ? Quand il vit Marvan se gameler toute seule dans les hautes herbes. Loin de deviner le plan machiavélique de son adversaire. Il se disait simplement qu'il était tombé sur une pauvre fille pas dégourdie.*

Mais dans quoi je me suis embarqué. Elle est mignonnette mais pas bien maline...

*Il soupire, complètement relaché.*

[Marvan]

Je l'observais tout en ayant l'air de rien. Il n'avait pas l'air de se douter de quoique ce soit. Je sentais ma main progresser vers lui, lentement, dans les hautes herbes. Je patientai encore un peu. Plus que quelques centimètres, et cela ferait l'affaire. Encore.

Quand elle fut suffisamment proche, je lançai mon ordre, puisant dans toute ma détermination. Aussi vive que l'éclair, ma main saisit sa cheville et la tira en arrière. Tout se passa très vite. Je vis mon adversaire flancher, alors qu'une fatigue brutale m'assenait une sacrée migraine. Je m'efforçais de l'occulter et me précipitai sur Tim. Il ne lui faudrait que quelques secondes pour se reprendre, et c'en serait fini de l'effet de surprise. Je courrais pour brûler les derniers mètres qui me séparaient de lui, et levai mon poing droit, bien décidée à lui coller en pleine figure. Je serrais les dents, renonçant à l'envie de fermer les yeux, comme pour mieux éviter le choc. Je tentai de donner toute ma force à mon coup - et c'était tout de même pas grand chose - mais quelque chose me retenait malgré moi.
Sans doute l'idée de frapper quelqu'un qui m'avait l'air sympathique...

[Père Castor]

*A un moment, Tim sentit quelque chose.*

???

*Quelque chose qui le tirait en arrière.*

!!!

*Et il flanche vers l'arrière, perdant l'équilibre. Il tourna la tête vers l'arrière par réflexe pour voir d'où venait le danger en moulinant comiquement des bras quand il sentit Marvan s'approcher.*

Oh...

*Et bim ! Un coup de poing qui achève d'envoyer le bougre au sol. Il est immobile.*

-Aïe.

*Mais toujours conscient.*

La vache, j'ai pas encore bien pigé ce qu'il vient de se passer ...

[Marvan]

Je sentis mon poing rencontrer quelque chose de mou et sentis très vite une douleur parcourir mes phalanges. Aïe. Hé, ça a marché! J'étais parfaitement éberluée. Je restais plantée en face de lui, complètement figée pendant deux longues secondes. J'avais réussi mon attaque, et rien n'était plus surprenant.

Quand je finis par me reprendre, je m'aperçus que mon coup avait à peine sonné mon adversaire, et il était temps que je profite de mon avantage. Un instant, je voulus lever mon poing gauche pour lui assener un nouveau coup, avant de me rappeler que ce dernier était encore dans l'herbe, attendant patiemment de nouvelles instructions. De plus, Tim lui était tombé dessus, m'empêchant de le récupérer pour l'instant.

J'avais choisi, pour ce combat, de ne détacher que mes membres supérieurs tant que je n'aurais pas découvert quel était son pouvoir. Il me fallait une certaine liberté d'action que je n'aurais pas si la perte d'une jambe m'immobilisait. C'était l'un des grands défauts de mon pouvoir, aussi je préférais ne pas tenter le diable pour ce premier combat.

Je choisis de faire entrer dans la danse mon auriculaire, qui se tenait toujours sur l'épaule de mon adversaire. Je lui intimais l'ordre de se planter dans l'oeil de Tim, mais n'attendis pas qu'il obéisse. D'un geste, je levai mon poing droit pour réitérer mon précédent coup. J'espérais qu'il le contre facilement, puisque je visais toujours sa joue gauche, et qu'il serait trop pris par sa défense pour remarquer qu'un auriculaire se trémoussait comme un ver pour atteindre son visage.
Avec un peu de chance, je bénéficierai d'un nouvel effet de surprise...

[Père Castor]

*Redressant son visage, Tim put voir Marvan se pencher vers lui pour le frapper. Il serre les lèvres et lève les bras pour parer le coup, quand son oeil de je sais pas quel côté, on va dire droit, commence à lui brûler.*

-Aïeuh !

*Perturbé, il a un réflexe et tourne vivement le visage sur le côté gauche en ramenant sa garde près de lui, d'une main, il frotte son visage encore une fois par réflexe et envoie valdinguer le doigt de Marvan sans se rendre compte de sa nature. Aveuglé, Tim lève un pied maladroit pour venir frapper Marvan. La proximité empêche la Voyageuse d'esquiver. Alors que son poing droit vient cogner la garde de Tim, le pied de ce dernier vient taper contre sa rotule droite.*

Merde, je sais que c'est son pouvoir mais je sais pas encore ce que c'est ... En attendant, moi aussi je sais faire des surprises... Attends de voir !

[Marvan]

Je vis mon auriculaire se planter dans l'oeil droit de Tim comme prévu. Il laissa échapper un cri, puis se hâta de s'en débarrasser. Malheureusement pour moi, mais cela ne suffit pas à lui faire baisser sa garde. Je vis son pied se soulever comme au ralenti, sans pouvoir esquiver. Le coup me heurta dans le genou, qui plia par réflexe. La douleur était vicelarde, bien qu'il n'ait pas frappé si fort que cela. Je m'efforçais de ne pas crier. Moi qui n'avait pas l'habitude d'être frappée par qui que ce soit, je ressentis soudain une colère vive pour celui qui venait de le faire, et perdis mon calme l'espace d'une seconde.

C'est alors que j'entendis le craquement de mon articulation avant même de le ressentir. Ma jambe droite, aussi furieuse que pouvait l'être une jambe, se décrochait de ma cuisse et semblait hors de contrôle. Je savais qu'elle allait chercher à mettre des coups de pied bien plus traîtres que ceux que j'aurais moins même administrés, mais je n'avais pas encore retrouvé tout mon sang-froid, et une part infime de moi-même voulait rendre la douleur que je ressentais. Je vis ma jambe se tendre pour sauter, s'élever lentement. C'était comme être somnambule : je ne contrôlais rien, et pourtant c'était bien mon corps qui se tendait, sautait, frappait. Je compris qu'elle allait le cogner au visage, et une expression horrifiée me traversa comme un spasme : l'idée de mon pied s'enfonçant sur sa joue, heurtant ses os, brisant son nez alors que je n'en étais pas maître me donna un haut-le-cœur. Moi qui étais une maniaque du contrôle, je ne pouvais imaginer sans mal blesser quelqu'un contre mon gré.

Ma jambe s'élevait ; elle frapperait bientôt. Sans réfléchir, ma main droite se dressa à sa rencontre. J'attrapais mon membre par le mollet : les muscles étaient tendus, comme vivants, et opposèrent une résistance. Alors que je tirais à moi mon propre membre, je vis passer dans le regard de Tim une incompréhension certaine.

Pendant une seconde, je restais debout, en équilibre précaire sur ma seule jambe fidèle, l'autre fermement serrée dans mon poing droit. Je réfléchissais à ce que je m'étais apprêtée à faire. Ma colère aurait pu être responsable de graves dégâts, sur quelqu'un qui n'avait, tout d'abord, pas voulu se battre contre moi. Je savais à part moi ce que cela signifiait, mais j'avais peur de le réaliser : mes membres me protégeraient avec une loyauté sans faille, mais seraient sans pitié. Je fus soudain accablée par ce que je venais de découvrir. Je n'avais pas la force de chercher une solution ; l'expérience avait été douloureuse.

Machinalement, sans y penser et sans doute pour m'occuper l'esprit, je replaçais ma jambe là où elle devait être, et d'un geste, invitais mon auriculaire et ma main gauche à faire de même. Mon manège terminé, je me tournais vers Tim, et lançai :

-Pardonne-moi. J'ai perdu le contrôle.

[Père Castor]

*Tim venait de frapper Marvan et s'apprêtait à continuer le combat quand il vit la jambe de la demoiselle se décrocher et se préparer à le frapper. Dans l'esprit de Tim, tout était déjà organisé. La parade et la contre-attaque était déjà prévu.

Non, ce qu'il n'avait pas prévu, c'était que la Voyageuse elle-même se jette sur sa jambe pour mettre fin au combat.*

Qu'est ce qu'il se passe là ?!

*Tim est paralysé, prit de court. Il laisse tomber sa garde mais a le réflexe soudain de rouler au sol sur le côté puis en arrière avant de tomber à genou, le dos légèrement courbé. Il voit la Voyageuse lutter et tend son cou et regarde par dessus l'épaule de Marvan pendant qu'elle ne fait pas attention. Il retourne son attention sur elle et essaie de comprendre ce qu'il se passe.

Quand cette dernière s'excuse d'avoir perdu le contrôle, Tim se fige.*

Je pige plus rien ...

-De quoi ?

[Marvan]

Je contemplais l'hébétude de Tim avec un sourire las. Évidemment, il n'avait rien compris de ce qui venait de se produire. Je poussais un long soupir, baissais les yeux vers mes mains. La gauche était encore pleine de terre d'avoir rampé dans les herbes, et d'avoir été écrasée sous lui. Elle me faisait mal, mais c'était une douleur sourde, lancinante, qui me rappelait au combat. Il était temps de choisir quelle attitude adopter. Je pris une inspiration, puis posais mon regard sur lui.

- Avant de te répondre, je dois savoir si notre combat continue. T'expliquer ce qui vient de se produire me désavantagerait trop.

Je m'agenouillais, faisant jouer ma rotule douloureuse, qui craqua sous mon poids. Je la massais distraitement, avant d'ajouter d'une voix blanche :

- Je dois avouer que je n'ai plus très envie de combattre. À toi de me dire.

[Père Castor]

*Toujours perdu, quand Marvan demanda si Tim voulait continuer le combat, ce dernier ne put que balbutier que quelques mots confus.*

-Bah euh je non pas. Bref.

*Voilà, il finit par soupirer et rouler des yeux en se redressant.*

-Alors tu veux plus combattre ? S'agirait quand même de savoir ce que tu veux... Moi c'est comme tu veux. Je pensais que tu avais besoin d'entrainement.

*Dit-il en s'étirant et en se massant la joue.*

[Marvan]

Je poussais un long soupir. Je ne savais trop quoi répondre, étant donné qu'il avait parfaitement raison : il me fallait de l'entraînement, justement pour éviter que ce genre d'incident se reproduise à l'avenir. Seulement, je craignais de perdre le contrôle de nouveau, notamment à cause de mon état d'esprit un peu chamboulé. Il me paraissait difficile de maîtriser mes membres avec une telle fébrilité. Je levais les yeux vers Tim : je l'appréciais, bien que je ne le connaisse qu'à peine, et cela rendait les choses plus compliquées. Contre un molosse antipathique, je n'aurais eu aucun scrupule à tester les limites de mon pouvoir, quand bien même mes quatre membres s'étaient mis à lui marteler la gueule et que j'étais posée contre un caillou à regarder l'affaire. Tout était bien différent.

- J'ai peur de te blesser en ne contrôlant pas mon pouvoir tout à fait. Si cela t'est égal, je veux bien continuer le combat.

Je faillis ajouter un "à tes risques et périls", mais m'aperçus aussitôt de la prétention que cela inspirait. Moi qui était persuadée de ne pouvoir faire de mal à personne même avec toute la bonne volonté du monde, j'étais en train de prévenir un adversaire sans doute bien plus fort que moi de s'attendre à souffrir. Je secouais la tête, voulus retirer mes mots, puis me ravisais. Avant même d'attendre sa réponse, je me mis en garde.

[Père Castor]

*Tim sourit.*

-C'est gentil, mais nous sommes dans un combat à Dreamland. Un combat sans blessure n'est pas vraiment un combat... D'autant qu'aucune blessure ne reste donc tu n'as pas de soucis à te faire ...

*Il fait la grimace, il paraissait embêté.*

Il faudrait que je trouve un moyen pour la motiver pour le combat sinon elle va jamais faire le nécessaire et elle pourrait se retrouver dans la merde dans un avenir proche...

-Je vais essayer de te motiver ... Tu peux y aller !

*La fin de la phrase ne semblait pas lui être adressé ... Puis elle sent un choc dans son dos. Un bon gros coup en vicelard dans le dos qui projette la Voyageuse au sol. Elle est sonnée et elle a grave mal au dos. Tim s'était reculé et avait reprit sa position. Quand Marvan tourna la tête, elle vit une sorte de nain de jardin qui venait de lui écraser une brouette de bois dans le dos.*

-Niark !

*Et le nain se barre en courant avant de disparaitre dans les hautes herbes.*

[Marvan]

Je sentis quelque chose cogner contre mes vertèbres et la douleur m'envahit presque aussitôt. Mon irritation revint sans se faire prier, et je me tournais brutalement pour comprendre ce qui venait de se produire. Je ne pus qu'écarquiller les yeux de surprise : un nain de jardin! Un nain de jardin venait de me cogner avec sa connerie de brouette. J'avais toujours détesté ces trucs là. Je comprenais aisément la phobie de mon camarade, et appréciait avec un soupir de soulagement d'avoir enfin pu découvrir son pouvoir.

Mais si la raison voulait que je sois contente d'en avoir appris plus sur Tim, la douleur, elle, ne s'évanouissait pas. Mon dos irradiait de tous côtés, je peinais à me tenir debout et j'avais l'esprit obnubilé par mon mal, ce qui n'arrangeait rien. Ma fureur ne tarda pas à remplacer mon irritation : il avait osé me frapper dans le dos! Alors que j'étais en train de faire une pause diplomatique parce que je n'avais pas voulu démolir sa petite gueule! Si on avait été dans un dessin animé, nul doute que mes oreilles se seraient transformées en cheminées de locomotive crachant une belle fumée noire.

Sans vraiment le vouloir - et cela montrait bien à quel point j'étais furieuse - j'entendis un "plop" qui était encore loin d'être familier, et mon œil gauche partit voleter à deux centimètres de mon nez. Il ne lui fallut pas longtemps pour comprendre ce que je lui demandais, quand bien même mon esprit fourmillait d'émotions contradictoires. Il bourdonna, puis se posa négligemment sur ma tête. Je pris une grande inspiration : j'avais beau être hors de moi, il me fallait me concentrer pour être capable de voir avec mes deux yeux. Je sentis quelque chose se scinder en moi, comme si mon esprit se coupait en deux, comme si les informations provenant de mon corps étaient traitées une à une et non ensembles. C'était non seulement très désagréable, mais extrêmement difficile à tenir. Si je n'avais pas été aussi déterminée pour rendre à Tim la monnaie de sa pièce, je n'aurais sans doute jamais pu réussir un tel exploit.

Sans m'apercevoir réellement de ce que j'étais en train de faire, je hochais la tête alors qu'enfin, je voyais à 360 degrés. Je voyais Tim, en face de moi, écœuré par mon énucléation, mais calme. Si calme par rapport à moi que c'en était agaçant. Je voyais la clairière, le chemin que l'on avait emprunté, et derrière moi, derrière moi, la traînée dans les hautes herbes qu'avait pris ce foutu nain de jardin pour décamper.
D'une voix qui ne me ressemblait plus trop, je lançai :

- Qu'est-ce que t'attends?

[Père Castor]

*Si Marvan avait réussi à placer son oeil sur sa tête pour voir à 360 degré, il faut pas déconner, ça fait beaucoup d'information et elle ne pourrait pas se servir de cette vision comme elle le souhaite. Du moins pour l'instant. Ainsi, la vision serait plus difficile à traiter pour son cerveau. Tim affichait un air neutre.*

Mon coup en traitre a un peu trop bien marché. J'espère qu'elle va comprendre.

-J'attendais que t'ai fini.

*Dit-il sans rompre sa neutralité apparente avant de courir dans la direction de Marvan pour tenter de la frapper avec ses poings. Car ce que Marvan ne savait pas, c'est que le coup du nain de jardin n'était pas fort du tout, c'était juste pour la mettre en boule pour la suite du combat. Si Tim l'avait voulu, la Voyageuse aurait été séchée par cet unique coup.*

[Marvan]

Ma vue finit par se brouiller, mais je parvenais au moins à distinguer si une forme se coulait derrière moi, alors que ma vision de face restait aussi nette que celle d'une myope pouvait l'être. J'aperçus mon adversaire se ruer sur moi, prêt à frapper. Je sentais que cette fois-ci, il n'allait pas se retenir. Ce ne serait pas une petite tape juste pour m'agacer, juste pour être sûre que je ne renonce pas au combat. Je rassemblais toute ma concentration pour tenir ma double vision ; une montée d'adrénaline parcourait mes veines, faisant trembler mes membres d'une douce excitation. Qu'il vienne, je l'attends.

Lorsqu'il fut à quelques mètres, je pris de l'élan, assez maladroitement, mais animée par l'énergie de l'instant ; je fis quelques pas chassés, que j'interrompis rapidement, et transférais ma poussée dans mon bras droit. Alors que je m'arrêtais, fichée sur mes pieds qui parvenaient à conserver mon maigre équilibre, lui poursuivit sa course, dirigé droit vers l'estomac de mon adversaire.