J'acceptai la main qu'on me tendait et me relevai. Dépoussiérant machinalement mon pantalon, je remarquai qu'un sac en bandoulière était apparu en même temps que mes pelotes et tout mon attirail. Je m'en habillai et sorti le matériel nécessaire. Je n'avais fait qu'un rang ou deux à la fin de ma dernière nuit à Elfila, et le futur pull magique qui m'attendait était encore bien loin. Je pris mes marques, et lorsque mes mains furent suffisamment habiles, j'ordonnai à mes bras de se décrocher.
Le craquement familier se produisit sans surprise, et bientôt, je me retrouvai manchote, mes membres flottant à un demi-mètre au-dessus de moi ; la pelote en cours se tenant dans mon sac, elle se déroulait au rythme de mon tricot, faisant pendre à quelques centimètres de ma tête un fil de laine bleu azur. C'est curieux... Mais si j'arrive vraiment à marcher tout en tricotant, ce trajet va être très sympa. Je ne pouvais m'empêcher de regretter l'absence de discrétion de toute cette machinerie : si par hasard on se trouvait être menacés cette nuit-là, notre adversaire aurait eu tout le loisir de comprendre les tenants et aboutissants de mon pouvoir, et je perdais tout effet de surprise. Je maugréai un peu : après tout, la seule espèce vivante autour de nous était un tournesol géant, et il devait sans doute s'en battre la grappe que ma personne soit entière ou non.
Je me tortillai un peu sur moi-même, peinant à caler le sac en bandoulière à cause de mon épaule manquante. Concentrée par tout mon trafic, j'ignorai Pix le temps de ma préparation, et me tournai enfin vers lui lorsque je trouvais une position confortable.
- On y va? lançai-je sur un ton enjoué.