Le film se termine et je sens une profonde lassitude m'envahir. D'un geste lent, je repousse mes aiguilles pour me frotter les yeux. Ça n'avance pas trop, cet ouvrage... Je pousse un léger soupir et soulève la laine qui tombe sur mes jambes en tailleur. Cette couverture improvisée retirée, je sens le froid qui m'immisce et hérisse mes poils. Avec une lenteur digne d'un escargot sous Xanax, je me traîne vers mon lit et m'y écrase mollement, la joue enfoncée dans l'oreiller.
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Dixième nuit à Dreamland
Mes yeux papillonnent et me font découvrir un petit village camouflé par la végétation. Des ronces grimpent sur les habitations avec une certaine grâce, comme si, par un accord tacite, elles survivaient à condition de ne pas fissurer les murs. Sur ma gauche, une petite chaumière penche lentement, ses fondations soulevées par les puissantes racines d'un chêne. J'aperçois même un gland, las de tenir sur sa branche, qui s'élance et tombe dans la cheminée. Je souris, ravie de me trouver dans un lieu bien plus accueillant que ma forêt précédente. Je tourne la tête pour englober le paysage encore un instant.
Plus loin, une tente est dressée majestueusement : des tissus amples et colorés me dissimulent son contenu, et tout autour flotte une myriade de petits papillons jaunes, dont les ailes battantes semblent faire frémir la toile. Je reste un peu assise, fascinée par le ballet poétique de ses êtres éphémères, encore engourdie de mon dernier réveil.