J'entendis Pix atterrir avant même de le voir et sentis aussitôt une vague de soulagement me submerger. Je m'aperçus alors qu'après une scène d'une telle intensité et si déroutante, il m'avait plus manqué en quelques minutes qu'en plusieurs jours dans le monde réel. Il souleva un petit nuage de poussière, s'excusa de son absence et je le regardais vraiment pour la première fois depuis longtemps. Me surplombant, son manteau étouffant les dernières bourrasques de sa chute, il se tenait droit, comme à son habitude. Je crus être en pleine crise de nerfs, car de le voir auprès de moi aussi simplement que cela, alors que moi-même ressentait encore une tension qui menaçait de se déverser à tout instant, me fit monter des larmes aux yeux. Je me précipitai vers lui, l'étreignant de toutes mes forces, dissimulant au monde mon émotion. Pourquoi...
Me rendant mon étreinte, Pix adressa à Nikko de plates excuses. Une part de moi lui en voulait toujours d'avoir agi avec autant d'impulsivité, autant de rancoeur contre des gens qui ne représentaient qu'une masse ignorante et cherchant sa propre sécurité. Je savais qu'on finirait par en parler, à Dreamland ou dans le monde réel, mais comme il le disait si bien, on enchaînait beaucoup trop de fails à mon goût pour trouver le courage de décortiquer tout cela.
Pix proposait de nous tourner de nouveau vers notre quête principale, et pendant une seconde, je ne sus quoi penser. A quoi bon? J'avais le sentiment détestable qu'on nous taperait dessus quelles que soient nos intentions. Certes, il devait bien y avoir une forme de karma, car le fait d'être venus à Dreamland dans le but pur et simple de se défouler sur des inconnus nous était revenu en pleine face. Mais malgré cette impression de juste retour des choses, j'avais du mal à être optimiste quant à nos objectifs futurs. De nombreuses questions me tourmentaient encore, et je savais pertinemment que m'apercevoir trop tard que nous allions tout bonnement assassiner des malades innocents risquait de ne pas me mettre de meilleure humeur.
Je restais muette, incapable d'articuler quoique ce soit. Les larmes, maintenant évanouies, avaient cependant noué ma gorge et je ne voulais pas me trahir par un gargouillis rauque. Je voulais juste me réveiller, oublier cette nuit presque aussi catastrophique que la précédente, et passer à autre chose. Sans le savoir, en invitant Nikko à nous rejoindre, Pix m'offrit le luxe de quelques secondes supplémentaires pour peaufiner mon fragile masque de contenance...