Songe 3
J’ai décidément l’impression de peser une tonne avec tout cet équipement nécessaire pour mon ascension. En effet, face à moi, se dresse le pic au sommet enneigé que je m’apprête à gravir. Pourquoi ? J’en sais rien. Parce que je l’ai décidé peut-être. Bref, on s’en fout. Je resserre donc les sangles de mon baudrier, puis agrippe mes deux piolets et plante l’un d’entre eux dans la roche. L’escalade peut donc commencer.
Les vents grandissent à l’instar de l’altitude, mais étrangement la fatigue ne semble pas vraiment m’atteindre. En effet, je me sens vraiment léger malgré l’effort et mon équipement, aussi à l’image d’un Tom Cruise dans l’introduction de Mission Impossible 2, je virevolte sur la paroi en jouant de mes petits piolets. Le soleil tape bien, et sa douce chaleur est des plus agréables. Mais j’ai tout juste le temps d’un profiter que des nuages menaçants pointent le bout de leur nez. Je ressens alors quelques gouttes me tomber sur le visage avant que cela ne se transforme en véritable saucée. Et cette pluie diluvienne est très vite rejointe par des éclairs qui déchirent le ciel. En bref, j’ai le droit à une sacrée tempête !
L’eau ruisselle contre la paroi rocheuse et cela en devient vite glissant. Je redouble de prudence lorsqu’il s’agit de sécuriser mes prises, même si j’évite de justesse la chute plus d’une fois. L’adrénaline couplée à ma volonté d’atteindre le sommet font des merveilles. Mais alors que la plupart des bruits environnants sont couverts par les détonations du tonnerre, je sens comme une ombre dans l’air. Curieux je tourne ma tête en arrière, face au vide, et j’aperçois en effet une ombre grandissante dans l’air. Je plisse les yeux pour essayer de discerner quelque chose dans cette purée de pois, et c’est là que je réalise. Il ne s’agit pas simplement d’une ombre mais d’un énorme rocher vaguement cubique qui fonce vers la montagne que je suis en train d’escalader. Surpris et bouche bée, je ne peux que regarder avec une totale impuissance, cet objet gigantesque voler dans les airs.
/Nom de Zeus !/La chose impressionnante est qu’on croirait qu’il se déplace au ralenti tant sa taille dont être énorme. Finalement un bruit terrible retentit, mais cette fois-ci ce n’est pas le tonnerre mais le son dudit rocher se fracassant contre la montagne à plusieurs mètre au-dessus de moi. L’énorme projectible se brise en quelques gros morceaux tout comme la paroi au lieu et place de l’impact. J’ignore d’où ce machin peut bien venir et en y repensant je préfère l’ignorer. Pour le moment, j’ai plus important en tête. Comme le fait de trouver un refuge de fortune pour éviter un truc plutôt désagréable qui m’arrive dessus, du style la mort par écrabouillage. Me laissant quelques secondes, je trouve un renforcement dans la roche qui pourrait bien me servir d’abri. Relativement paniqué par ma situation je ne prends pas vraiment la tête de me dire si cela est raisonnable. Disons qu’avec un amas de roche qui m’arrive sur le coin du pif, je vais pas faire ma fine bouche.
Une fois à l’abri je me colle à la roche, ferme les yeux et… chante
une petite chanson. Bah quoi, chacun ses délires, mourir en chanson c’est toujours plus intéressant que de mourir en silence. Et puis merde, je l’aime moi cette chanson !
Une fois les quelques minutes de chant terminées, j’entrouvre doucement les yeux et au comble du bonheur je semble être toujours entier. Et pour couronner le tout la tempête s’est calmée, si c’est pas beau la vie !
C’est donc le plus aisément du monde que j’arrive sans à gravir le reste de la montagne avec un soleil radieux qui m’offre une vue dégagée sur un paysage au combien grandiose. La pointe de l’aiguille est recouverte de neige éternelle qui ralentisse quelque peu mon ultime effort. Finalement me voilà enfin au sommet du monde, contemplant ainsi la chaine de montagne qui trône sous mes pieds. Et je m’autorise alors un petit plaisir qui semble être de bon ton vu la circonstance. Gonflant bien mes poumons, je hurle sans retenu…
_ JE SUIS LE ROI DU MOOOOOOOONNNNNNNNNDDDDDDDDEEEEEEE !!!!!!!!!!Deux secondes de blanc… un craquement sourd… puis le sol se dérobe sous mes pieds. Enlisé dans la neige je me retrouve tout simplement dans une coulée d’avalanche qui fonce droit vers le vide, le tout suivit d’une longue chute qui se terminera sans aucun doute par une omelette à la fin.
/Oups…/