La rivière paraît vraiment magnifique depuis la route, et puis avec cette chaleur étouffante piquer une tête devrait nous faire un bien fou. Tâchant donc de ne pas tomber, je descends avec prudence l'espèce de sentier de terre rouge qui nous mène jusqu'à une petite clairière bordant l'eau.
Rapidement, chacun se met en maillot et allonge sa serviette. Comme toujours, les filles préfèrent commencer par bronzer avant d'aller se baigner tandis que l'un des garçons se jettent le premier à l'eau. Prenant son élan, il fonce comme un fou et saute pour réaliser une bonne non loin de la berge. L'eau gicle et nous éclabousse, si bien que les filles commencent à pester de ne pouvoir se dorer tranquillement au soleil. Avec la bande de pote au complet, les vacances commencent vraiment bien.
Mais alors que nous rions de bon coeur, l'un d'entre nous réalise enfin que celui ayant plongé ne remonte pas. Rejoignant le bord de la rive, on commence à l'appeler même si on sait très bien qu'il essaye encore de nous faire une mauvaise blague. Cependant, après deux bonnes minutes de silence totale, on commence tous à se poser de plus en plus de questions. Décidant d'agir, nous sommes deux à pénétrer dans l'eau pour essayer de l'apercevoir. L'eau est boueuse et on y voit comme dans une purée de pois, aussi nous plongeons l'un et l'autre nos mains sous la surface pour tâtonner tout en tournant dans la zone de son saut.
Soudain, c'est moi qui touche quelque chose. Seulement, sans être un expert, mes doigts ne reconnaissent pas la sensation d'une peau mais plutôt d'une surface bosselée et presque rigide. Mais tandis que mes mains bougent un peu sur cette surface, cette dernière bouge soudain, remuant l'eau autour d'elle j'ai pour réflexe de retirer les mains et de reculer alors que je sens un petit déplacement d'eau contre mes jambes. Ravalant ma salive, je recule doucement vers la berge en balayant mon regard devant moi. Et alors que je rejoins lentement la berge, de plus en plus paniqué, mes fesses heurte quelque chose. Fébrile, je ne peux m'empêcher de pousser un petit cri en me retournant d'un seul coup. Fixant la surface de l'eau, je distingue finalement quelque chose qui semble remonter à la surface. Commençant à comprendre de quoi il s'agit, je plonge finalement la main pour le saisir et constate avec horreur que j'ai vu juste.
Entre mains, je lève un pied humain déchiqueté vers le milieu du tibia. Pétrifié devant ce spectacle, aucune réaction n'arrive à sortir et c'est finalement les cris d'une fille me voyant le tenir qui me sort de cette contemplation macabre. Ne prenant cette fois-ci pas mon temps, je cours tant bien que mal jusqu'à la berge, le pied en main mais j'ignore pourquoi j'ai l'impression de ne pas avancer. Comme pris dans la vase, j'ai pourtant vraiment l'impression de courir le plus rapidement que je peux. Du côté de la berge, l'autre baigneur rejoint sans trop de mal la berge, trébuchant sur la fin mais pour tomber sur le sol de la berge. Relevant la tête vers les filles pour leur sourire, visiblement soulagé d'être arrivé, il a à peine le temps de voir leur visage se décomposer alors qu'une mâchoire puissante vient lui saisir les jambes jusqu'aux hanches. Crachant du sang alors que sa chair, ses muscles et ses os se font littéralement broyés, il est soudain soulever du col avant d'être violemment projeté sur le sol. Groggy par le choc, l'animal recommence jusqu'à lui ouvrir progressivement le crâne qui se vide de son sang.
La bête est un énorme crocodile d'au moins huit bons mètres, et ce dernier commence rapidement à bouger violemment la tête pour déchiqueter sa proie, laissant entendre les bruits de craquement osseux et de déchirure de la peau. Le pauvre garçon s'éteint lentement mais dans une douleur atroce vu les beuglements inarticulés qui sortent de ce qui reste de sa bouche. De mon côté, je n'ai qu'une envie, sortir de cette rivière le plus vite possible. L'effort pour y arriver me semble insurmontable, pourtant j'arrive à enfin à atteindre la berge alors que l'animal replonge avec son repas vers les eaux troubles. Remontant de plusieurs mètres sur l berge pour ne pas subir le même sort que ses camarades, je m’apprête à m'essuyer le front du revers de la main lorsque je réalise que je tiens toujours les restes de la première victime. Répugné et choquer, je jette le pied au bord de l'eau avant de me redresser assis sur le sol. Mes autres camarades me rejoignent pour savoir si tout va bien, alors que la plupart sont aussi hagards que moi.
Malgré nos craintes, nous sommes unanimement d'accord pour foutre le camp d'ici et il ne nous faut pas deux minutes pour prendre nos affaires et rejoindre le sentier. Mais à notre grande surprise, il ne faut pas plus longtemps au temps pour se dégrader drastiquement. En effet, nous n'avions même pas encore commencé notre ascension qu'une pluie torrentielle se met à s'abattre sur nos têtes. Ainsi, même avec toute notre bonne volonté de fuir cette rivière de l'enfer, le sentier de terre devint rapidement impraticable tant et si bien que pour un pas avancé nous glissons de trois en arrière. Après plusieurs minutes d'essais infructueux, nous réalisons que nous ne sommes qu'à deux mètres de la clairière mais que l'eau, elle, ne cesse de monter. Moi, malgré la pluie, j'ai vraiment l'impression de voir non pas deux yeux qui nous observent depuis la surface, mais bien une dizaine de plus... le crocodile que nous avons vu, était-il le seul à vivre ici ? Rien que d'y penser, cela me terrorise.
Obligé de reculer pour ne pas nous briser les os avec une mauvaise chute, nous nous retrouvons une nouvelle fois au bord de l'eau. Seulement, cette fois-ci, la plage s'est réduit de moitié et on commence à discerner les sons inquiétants des sauriens qui semblent se rapprocher de nous. ET en effet, il ne faut pas très longtemps pour voir des masses sombres sortir de l'eau pour lentement avancer vers nous. Nous sommes coincés, acculés sans moyen de nous enfuir. Pour ces monstres, le buffet est servi.
Restant groupé, l'une des filles tente sa chance et s'éloigne un peu en courant à toute vitesse. Malheureusement sa course la fait tout simplement finir dans la gueule d'un autre croco que nous n'avions pas encore vu. Moi, je me retrouve derrière, tétanisé sans pouvoir bouger. Ces bêtes, j'en ai toujours eu la phobie et à juste titre puisqu'aujourd'hui elles sont finalement là pour me dévorer vivant. Dans mon esprit terrifié, c'est tout juste si je ne supplie pas de me faire tuer avant. Que l'un de mes amis m'ouvre le crâne avec une pierre, je trouverai même cela plus enviable que de sentir les dents et la mâchoire puissantes de ces animaux me mètrent en pièce.
Seulement tout est différent, je ne suis pas seul, mes amis aussi sont dans cette merde avec moi et même si je suis épouvanté par les crocodiles, il ne me viendrait pas à l'idée de les lasser crevé sans réagir. Nos chances de survie sont maigres, très maigres,... trop maigres. Mais il va falloir s'y rattacher comme l'on peut. Me relevant, je commence par rassembler quelques pierres qui traînent, leur proposant de s'en sentir, non pas de projectiles mais de piolets de fortune pour grimper le sentier. Leur en donnant une paire chacun, je m'allonge contre le sol tout leur faire faisant une espèce de courte échelle afin de les propulser le plus haut possible. Étant le plus grand, je reste en place pour les quatre. Mais alors que la cinquième s’apprête à monter sur ma main, un croco la chope à jambe. Ni une, ni deux, je chope un pierre et m'en sert comme d'un poignard pour frapper violemment l'un de ses yeux. Lâchant immédiatement sa prise, j'aide au mieux pour la faire monter tout en gardant un oeil sur l'animal qui ne tarde pas à revenir à l'assaut.
Ma camarade étant hors d'atteinte, j'esquive sur le côté en roulant mais me retrouve devant un autre crocodile. Lui balançant du sable pour éviter son coup de mâchoire, je me rend compte que je suis encerclé et que l'accès au sentier est coupé par l'une de ces bêtes. Voyant bien que du sable et des cailloux ne vont pas me sauver, il semblerait que le voyage s'arrête ici. Pourtant, les sauriens n'attaquent pas, ils s'écartent même pour donner un accès mais vers l'eau. Sachant pertinemment que l'eau n'est pas une possibilité de fuite mais plutôt un suicide pur et simple, je reste sans bouger. Et je dois dire que mon idée a été la bonne puisque ce couloir vers l'eau ne m'est absolument pas destiné. En effet, c'est un énorme crocodile qui en sort, le plus gros et visiblement le plus dangereux de tous, marchant entre les autres qui s'écartent d'avantage pour lui laisser la place.
Un mâle alpha peut-être ?
Toujours est-il que les autres semblent lui obéir et se retirent petit à petit pour nous laisser une zone ronde sur la plage, une arène ou quoi ?
Veut-il ma laisser une chance de me battre contre lui ? Nan, c'est un animal sauvage, ce qu'il veut c'est avoir le privilège de bouffer le dernier casse-dalle encore présent sur son territoire. Comme on dit : la part du lion.
Sifflant et claquant de la gorge, il me tourne autour alors que je me baisse pour saisir deux nouveau cailloux. Concentré sur lui, je suis surpris par le claquement de mâchoire d'un croco présent derrière moi. Faisant un bon, ce dernier ne tente rien, laissant apparemment le gros s'occuper de moi. Tu parles...
Finalement, le match commence et l'animal est celui qui fait le premier pas. Malgré sa corpulence, il est tout sauf lent et j'esquive son premier coup de mâchoire de justesse. Le coup de queue, lui, en revanche, ne m'épargne pas et me fait voler alors que les écailles recouvrant cette dernière me lacèrent le bide. Dans la panique de notre départ, nous étions tous resté en maillot pour ne pas perdre de temps supplémentaires, il faut croire que ça a été une erreur. Heureusement pour moi, les griffures sont relativement superficielles et malgré la douleur mes entrailles sont toujours à l'intérieur. Me relevant non sans mal, je me prépare pour son nouvel assaut, me tenant bien fléchit pour réagir immédiatement. Bonne idée, car il ne lui faut pas plus longtemps pour attaquer de nouveau. J'esquive un peu mieux et en profite pour contre-attaque illico, le caillou vers son oeil. Même fermer la gueule d'un crocodile peut encore faire mal, principalement à cause de ses dents qui en ressortent. C'est justement une d'entre elles qui vient se loger dans mon flanc, mais malheureusement elle reste aussi bloquer en moi comme un hameçon.
Frappant de toutes mes forces contre son oeil, ma position ainsi que la douleur n'aide pas vraiment à la précision de mes coups. De son côté, lui, me fait valdinguer avec sa tête, m'écrasant entre sa mâchoire et le sol si bien que je ne sens rapidement plus mes jambes. Sans doute brisé par le choc, je continue de frapper encore et encore jusqu'à qu'un mouvement un peu trop brusque de sa part ne me fasse lâcher mon arme. Je tente de continuer avec mes poings mais ses écailles sont beaucoup trop résistantes. Finalement, sans option, je l'attaque avec l'énergie du désespoir, le mordant.
À ma grande surprise, sa peau paraît tendre sous mes dents et s'arrive même à m'y enfoncer. Ne cherchant pas vraiment à comprendre j’enchaîne les coups de mâchoire et y imprime mes dents jusqu'à le faire saigner, lui arrachant même un premier morceau de peau. L'agrippant ensuite avec mes doigts pour me stabiliser, je me sens glisser de moins en moins et constate que mes ongles se sont changer en véritables griffes plantées dans son cuir. Mécontent de se faire ainsi bouffer par sa proie, le crocodile s'agite plus fort encore jusqu'à venir rouler sur lui même. Je sens alors sa dent se décrocher de mon flanc, non sans emporter un bout de peau au passage, alors que je me retrouve ensuite projeter de plusieurs mètres. Sentant mes jambes de nouveau, je me redresse et essuie les lèvres du revers de la main pour constater que ma mâchoire s'est changer. Elle s'est légèrement allongée alors que ma bouche s'est agrandit. On dirait presque qu'avoir goûter à la chair de l'animal m'a fait muter.
Mais trêve de contemplation, tout ceci ne servira à rien si je ne les utilise pas à bonne escient. Prêt à bondir, je le sens bien qui hésite soudain dans son attaque. Ne lui laissant donc pas le temps de réfléchir, c'est moi qui fait cette fois le premier pas. Fonçant sur lui, je saute pour esquiver sa gueule et lui envoie un puissants coups de griffes qui lui déchire l'oeil. Je sens qu'il à mal, il s'agite tandis que ses plaintes résonnent autour de nous. J'ignore pourquoi mais je me sens soudain bien plus en forme... particulièrement affamé !
Ne lui offrant que peu de répit, je retourne à l'attaque, jouant sur son nouvel angle mort pour bondir sur lui, plantant mes nouveaux crocs dans son cou beaucoup plus tendre que son dos. Refermant ma mâchoire je cisaille sa chair entre mes dents avant de tirer violemment pour lui en arracher un gros morceau. Loin de me rebuter, il le dévore avec plaisir, appréciant même le goût de ce dernier. La blessure de son côté pisse le sang qui rougit le sable et l'eau de pluie. Le sentant beaucoup moins agressif qu'au début, je ne compte pas lui laisser la moindre chance maintenant que je peux lui faire ce qu'il me plaît. Attaquant de nouveau, je viens me placer à califourchon sur son dos, l'enlaçant alors en m'allongeant sur lui, pour planter profondément mes griffes dans ses flancs entre ses pattes avants et arrières. Je sens qu'il a mal et étrangement cela me plaît. Retirant puis replantant mes griffes, je lui troue la peau à plusieurs endroit jusqu'à ce qu'il relève la tête, sa gueule vers le ciel. Je me souviens vaguement avoir vu un documentaire faisant référence à ce geste comme une preuve de soumission.
Malheureusement pour l'animal, je ne suis pas prêt de lui permettre d'abandonner. Profitant de sa position, je viens littéralement l'égorger avec mes griffes, le vidant entièrement de son sang tout en lui dévorant le cou. Après quelques minutes, j'arrive au résultat que j'espérais, sa tête se retrouve sectionnée de son corps sans vie. Glissant alors ma main sans sa gorge, j'y enfonce le bras à la recherche de son coeur pour finalement le lui arracher de la poitrine. Le brandissant devant ma main face aux autres crocodile, jamais une chose ne m'a paru aussi délicieuse. Mes yeux restent littéralement rivés sur cette organe encore ensanglanté, que je n'hésite pas à dévorer avec appétit. M'en léchant presque les doigts, je m'avance vers l'eau alors que les croco s'écartent pour me laisser la place. Pénétrant dans celle-ci, la rivière lave mon corps du sang avant que je ne disparaisse entièrement sous sa surface sombre.
La proie est devenue le Prédateur....