C'est alors qu'une masse grise surgit des buissons. De mon perchoir, je pouvais deviner une fourrure épaisse, une échine courbée et le pas lent et posé d'un prédateur qui affine sa traque. Le loup géant leva le museau, huma l'air un instant, se figea. Je ne pouvais que retenir mon souffle, trop effrayée à l'idée qu'il puisse me repérer. Mes bras enserrèrent la branche avec plus de force, et le craquement d'un bout d'écorce me parut résonner comme un coup de tonnerre. Je sentais que mes jambes cognaient parfois contre des substances molles, et imaginais sans les voir les yeux courroucés de l'arbre qui devaient supporter un tibia ou une rotule. À cet instant pourtant, je me fichais pas mal d'offusquer les esprits de la forêt, tant qu'ils ne pouvaient me trahir par un cri effarouché.
L'instant me sembla durer une éternité, lorsque je m'aperçus que le loup semblait percevoir une odeur qui provenait d'ailleurs. La truffe plantée vers le ciel, il ne m'avait pas pris pour cible. Sans pour autant baisser la garde, je tentais de lever les yeux malgré ma position d'équilibriste, et croisai le regard d'un inconnu.
Le doigt sur les lèvres. Signe universel, que je m'appliquais à suivre à la lettre. Non pas que je me plaçai spontanément du côté d'un individu étrange réfugié dans les arbres que je ne connaissais ni d'Eve ni d'Adam sans se demander une seconde s'il n'était pas redoutable ; il me semblait simplement sensé de garder le silence, non pour lui, mais pour moi-même, plutôt que de jouer la balance auprès d'un loup géant qui n'aurait certainement pas le réflexe de me frapper dans la main en me disant : "merci ma vieille, je t'en dois une". Merci Captain Obvious. Je retins donc mon souffle, et patientai.
L'instant me sembla durer une éternité, lorsque je m'aperçus que le loup semblait percevoir une odeur qui provenait d'ailleurs. La truffe plantée vers le ciel, il ne m'avait pas pris pour cible. Sans pour autant baisser la garde, je tentais de lever les yeux malgré ma position d'équilibriste, et croisai le regard d'un inconnu.
Le doigt sur les lèvres. Signe universel, que je m'appliquais à suivre à la lettre. Non pas que je me plaçai spontanément du côté d'un individu étrange réfugié dans les arbres que je ne connaissais ni d'Eve ni d'Adam sans se demander une seconde s'il n'était pas redoutable ; il me semblait simplement sensé de garder le silence, non pour lui, mais pour moi-même, plutôt que de jouer la balance auprès d'un loup géant qui n'aurait certainement pas le réflexe de me frapper dans la main en me disant : "merci ma vieille, je t'en dois une". Merci Captain Obvious. Je retins donc mon souffle, et patientai.