Posts rêveurs:Post 1Post 2Post 3Post 4Post 5PÉDIOPHOBIE :
La phobie des marionnettes/De n’être qu’un pantin
Le silence est oppressant, presque assourdissant. Je me tiens au milieu de ce qui semble être une maison hantée, mon souffle court et presque impossible, mes mains tremblantes. L’air est glacial, lourd, imprégné de terreur. Partout autour de moi, des ombres se dessinent, des formes sinistres se tordent dans la pénombre. Des marionnettes. Je ne peux m’empêcher de fixer leurs visages figés, leurs sourires malsains, leurs yeux vides. Elles sont suspendues aux murs, aux plafonds, pendues à des fils invisibles. Ces fils... ils me hantent.
Je déteste ça. Non... C’est bien plus viscéral que ça... J’ai... J’ai peur...
Mon cœur bat si fort que j'ai l’impression qu’il va exploser. Chaque muscle de mon corps est figé dans une tension insupportable, paralysé par cette phobie panique qui m’étreint. Les marionnettes. Ces corps inertes, ces pantins grotesques... des choses sans âme, manipulées, privées de volonté. Elles ne sont rien sans leurs fils. Les marionnettes ? Non... Pas tout à fait... Du moins, pas seulement...
Et moi... est-ce que je suis comme elles ?
Etais-je vraiment humain ? Ou... Etais-je moi aussi un pantin, faisant partie d’une scène montée de toute pièce ? Une scène grandeur nature, à l’instar du Truman Show. Cette simple pensée me terrifiait, me tétanisait...
Non... Je suis humain. Je suis réel... Je pense... Je peux bouger librement...
Oui, mais étais-ce vraiment moi qui décidait de mes actes ? Je regardais mes mains. Ma peau elle-même paraît étrangère, dure et rigide, comme du bois. Mes mains me semblent lourdes, mécaniques. Chacun de mes mouvements faisait retentir un petit cliquetis. Un petit bruit de ressort, un bruit d’engrenage...
Tu n’es pas qu’une marionnette...
Une voix douce murmure dans ma tête. Une femme, rassurante, apaisante, comme un rayon de lumière dans l’obscurité. Je ne la vois pas, mais je la sens. Elle est là, proche de moi, comme une présence bienveillante. Mais pourtant, impossible de la voir... Sa voix était... Dans ma tête...
Tu es plus que ça...
Une faible lueur bleutée semblait former une légère trace... Ou du moins, c’est ce que je percevais... En réalité, il s’agissait d’une petite lumière qui émanait un peu plus loin, derrière un meuble. Mes pas me conduisent dans un coin sombre de la maison. Là, à mes pieds, une lanterne gît, abandonnée. Je me penche, tremblant, et l’attrape entre mes doigts. Sur le verre terni de la lanterne, un petit cricket est gravé. Gemini? Cette simple vision me réchauffe un instant, une petite lueur d’espoir dans cet enfer de bois et de fils. Assimiler ce cricker à Gemini, et cette lueure bleue me rappelais clairement ce conte pour enfant, et me donnait une sorte de repère.
Tu peux te libérer...
Je levais la tête, et tournait la gâchette de la lanterne, qui grinçait comme un grillon. Celle-ci se mit à scintiller, d’une lumière douce, et apaisante, malgré la terreur qui m’habitait. Et cette terreur n’allait que s’accroitre. En face de moi se trouvait un miroir. Enfin... Pour être précis, je me trouvais dans un couloir où il y avait des miroirs partout. Sur les murs, au sol et brisés. Mais ce qui me fit bloquer ma respiration, c’était mon reflet dans ce miroir. Je n’avais que ma tête qui m’étais familière... Le reste du corps ressemblait... A une marionnette de bois. Les mêmes que celles suspendues ça et là.
Non... Je suis... Je suis humain...
Je m’attrapais la tête, et la sensation ne fit qu’empirer la chose : le contact de cette matière, entre le bois et la porcelaine, m’était insupportable. Je tombais à genoux, tétanisé. Et c’est également à ce moment que les fils des marionnettes commencèrent à bouger également. Elles arrivaient au sol... Leurs têtes se tournaient lentement, et bruyamment vers moi. Des voix pré-enregistrées, presque robotisées sortaient de ces pantins mi marionnettes, mi automates. Ces voix étaient clair :
Tu n'es qu’un pantin. Tu n'es qu’un pantin. Tu n'es qu’un pantin.
Non… C’est… C’est faux !!! Je suis humain !!!
Mais les voix continuaient de le scandaient. Les pantins se rapprochaient de plus en plus.
Tu n’es pas comme elles... Respire... Toi, tu le peux...
La voix est là, si douce, si rassurante. Elle semble connaître ma peur, la comprendre. Je m'accroche à ses mots, désespérément, comme à une bouée dans un océan de panique. Mais autour de moi, les marionnettes bougent, se rapprochent. Leurs membres se meuvent avec une précision mécanique, leurs yeux vides semblent me transpercer. Je recule, la lanterne serrée dans ma main tremblante.
Non... je ne suis pas comme vous. Je ne suis pas... un pantin.
Mais alors pourquoi ai-je l’impression que des fils invisibles contrôlent mes mouvements ? Pourquoi cette sensation constante que je ne suis qu’un jouet, une chose sans âme ?
Tu es libre... Respire...
Le murmure de la voix résonne dans ma tête, m’enveloppant d’une étrange chaleur. Je voudrais la croire. Je veux être autre chose que ça. Plus que ces marionnettes grotesques, tirées par des forces invisibles. Mais ma peur me ronge. La panique me paralyse. J’ai peur d’être... un pantin. Un pantin de bois, incapable de contrôler mes propres mouvements. Accablé, je tentais de prendre une inspiration. Malgré mon corps d’automate, je sentais l’air frais. L’air entrant dans mes narines, ma bouche, jusqu’à mes poumons.
Je... Je suis bien humain...
Les marionnettes avancent, se rapprochent, menaçantes. Une se jette sur moi, et dans un élan de désespoir, je me dresse et cours à travers le couloir, apercevant mon reflet dans un miroir, exposant mon corps d'automate. Cette vision se répétait à chaque miroir croisé, ce qui me terrorisait.
Tu es maître de toi-même...
Les marionnettes se mirent soudain à devenir plus vive, leurs yeux virant au rouge. Leurs voix changèrent également de disque. Elles scandaient désormais que je n’étais qu’un pantin, un prototype. Une marionnette bonne pour le rebus. Qui ne sera jamais libre. Ces paroles associées à la situation angoissante dans laquelle je me trouvais était épouvantable. A chaque fois que je doutais, mon corps s’alourdissait. Et à chaque bouffer d’air, je me sentais à nouveau humain. C’était une lutte sans fin contre moi-même. Etais-je humain ? Etais-je une marionnette ? J’avais le sentiment que plus je passais du temps ici, plus mon corps devenait lourd. Et cela se voyait dans mon reflet. A chaque doute, l’aspect de ma peau redevenait rugueux. A chaque fois que j’entendais cette voix douce dans ma tête, que je regardais la lueur d’espoir fournie par la lanterne, ma peau semblait faite de chair.
Les pantins s’agitaient de plus en plus, et me faufiler devenait de plus en plus dur. Mais ma volonté d’être un être pensant avait fini par prendre le dessus. J’avais réussi à m’habituer à mon corps de marionnette.
Je ne suis pas l’un de vous. Je passerai peut-être ma vie dans ce corps d’automate... Mais je serais maître de mes choix, de mes mouvements. Je tire mes propres fils... Je suis... HUMAIN !
Ce cri, né d’une volonté de se battre, et d’acceptation venait de provoquer une forte lueur dans la lanterne que je tenais. Toutes les marionnettes venaient d’être balancées au loin, inanimées, et les miroirs s’étaient brisés en mile morceaux. Tous, sauf un, gardant une porte massive. Une porte de sortie pour ce cauchemar qui m’avait paru sans fin, une porte d’entrée pour Dreamland.
Je passais le pas de la porte, m’échappant de cet endroit horrible. Le seul reflet dans ce dernier miroir ? Moi, un sourire aux lèvres.
*Poof*