Nod recula lentement, chaque pas lourd, le sang ruisselant sur son visage. Son esprit calculait à toute vitesse. Gagner du temps, survivre. La vaincre était hors de portée, mais rester en vie, ça, c’était encore jouable, son corps lui hurlait la douleur qu’il avait reçu mais rien n’était brisé autant sa volonté de survivre que ses os.
Il fixa la succube, une étincelle de défi malgré son état.
Alors quoi, tu bâilles déjà ? T’es si puissante que je t’ennuie, c’est ça ? T’as même plus besoin d’essayer, hein ?*Son bâillement n’est pas anodin, aussi infime soit-il Baasu a réussi à l’affecter…du temps ….il nous faut du temps, encore plus de temps.*
Il enchaina :
Mais peut-être que t’as raison… peut-être que je suis juste là pour te distraire. Peut-être que t’as raté un truc. Qui sait ?Chaque mot, chaque geste était une tentative désespérée de retenir son attention, de la faire douter, de gagner quelques secondes de plus.
Nod, le souffle court, s’appuya contre une stèle fissurée. Ses doigts crispés sur la pierre froide portaient en eux la douleur d’un homme traqué, mais aussi la détermination farouche de celui qui refuse de céder à la nuit. Le sang qui coulait de sa joue venait tracer sur sa peau un sillon écarlate, un ruisseau vif, témoignage de la violence qu’il affrontait. Son regard, balaya la pénombre ambiante et la brume mouvantes du cimetière. Les pierres tombales, dressées comme les témoins d’un passé oublié, semblaient soudain devenir ses alliées dans ce ballet macabre.
Alors... lança-t-il, sa voix brisant le silence oppressant
...c’est tout ? Tu veux jouer avec un fouet, des mots, mais t’approcher ? Ça, c’est trop chiant ?Sa silhouette vacillante paraissait à l’agonie, il l’était mais son esprit refusait d’abandonner, d’écouter les hurlements de douleurs des stigmates jonchant sa peau.
Lentement, il posa une main sur une vieille pierre funéraire, comme pour s’y appuyer. Il ajouta, avec une amertume teintée de défi :
Peut-être que c’est ici que tout finit pour moi… Mais je compte bien être le cafard qui rend fou, tout faire que ce soit le plus chiant possible pour toi… j’espère que t’as pas peur de salir tes jolies ailes en venant chercher ta victoire.Soudain, dans un éclat brutal, il poussa la pierre tombale devant lui, la laissant s’effondrer dans un bruit sourd. Le fracas emplit l’air comme un cri de révolte, soulevant un nuage de poussière qui enveloppa le champ funèbre. Derrière ce rideau de fumée, Nod se glissa dans l’ombre d’une autre sépulture, son souffle battant le rythme de son cœur. Il voyait dans le dédale de pierres tombales une chance, une échappatoire ; chaque obstacle, chaque édifices a la mort d’inconnus devenait une barrière entre lui et le fouet, chaque détour une esquive possible contre sa propre mort.
Le murmure qui s’échappa de ses lèvres n’était qu’un souffle, mais il portait en lui la force d’une prière :
Continue… continue de t’agiter, fatigue toi… Montre-moi à quel point t’aimes ton foutu jouet.Et tandis qu’il se glissait de pierre en pierre en se rapprochant de Baasu et Aetos, il disséminait de parts et d'autres, des petits bruits : morceau de roche qu’il lançait, branche qu’il brisait. Autant de signaux dont les échos se démultipliaient sur la pierre froide et dure des tombes avant de retentir dans tout les sens.
Chaque pas qu’il faisait était une louange à la froideur de la nuit : donne-moi du temps, juste un peu de temps.
Nod savait que si elle voulait vraiment le toucher, il faudrait qu’elle vienne plus près, qu’elle fasse l’effort de bouger, qu’elle daigne rentrer dans le jeu absurde qu’on lui proposait. Le fera-telle ? Au pire, il sera peut-être possible de faire quelque chose dans la confusion de la proximité.
Parallèlement, Baasu se remettait petit à petit du choc avec l’inconnu, quand soudain le bruit fracassant et le souffle d’un autre impact plus loin se fit ressentir, un impact fracassant dont l’onde de choc fit frissonner et remis en place les idées de la démone, il provenait de là ou était Nod et la Succube. Baasu n’avait pas de temps à perdre et devait les rejoindre. Elle entendait dorénavant, un vacarme, une cacophonie qui semblait provenir de tout les coins du cimetière, mais elle savait parfaitement ou était Nod, comme si un fil, un lien immatériel la guidait vers lui. Elle se mis en mouvement.