Une vie de Rêve(s) - Nuit n°2
*Au milieu des décombres post-carolorégiens se dresse un homme. Quelques minutes se sont écoulées depuis qu'il est apparu dans un "pouf" majestueux, mais il n'a pas encore bougé d'un pas. Le hasard faisant toujours bien les choses dans une narration solitaire, il se tient au sommet d'un pic rocheux qui dans un autre temps a sans doute été un morceau de route, aujourd'hui simple écueil sur lequel les vagues de poussières de sable et de charbon viennent s'écraser.*
Où est-ce qu'il a bien pu passer ?
*Surplombant les vestiges d'une ville peut-être prospère, en tout cas peuplée et en meilleur état qu'elle ne l'est actuellement, il semble pensif. Car dans cette scène digne d'un film dont il serait le héros, il n'a pourtant aucune idée de ce qu'il fait là. Il cherche, ça il en est sûr. Mais quoi ? Ou qui ? Impossible de s'en souvenir. Et cette certitude qu'il a une mission a accomplir, pourtant si forte à son arrivée, s'estompe de plus en plus.*
Je me serais... trompé ?
*Ce n'est pas la première fois que Sydjee se retrouve a proximité de l'homme à la Croix ces dernières années. Ou du moins, de là où il a séjourné, qu'il soit encore présent ou pas. Comme un vestige de son ancienne conviction, de son ancienne vie, maintenant oubliée et effacée par la mort. A sa place ? Des doutes dont il ne parvient pas à déterminer l'origine, et une nouvelle conviction remplissant peu à peu l'espace laissé vide. Celle de s'être trompé, d'être responsable de sa propre errance.*
C'est moi qui ai fait ça ?
*Ne comprenant pas ce qu'il fait là, ne comprenant pas ce qui a mit le monde dans cet état, son regard se pose tout autour de lui. Il est le seul debout dans les ruines de ce monde cette nuit. Ses doigts se sont écartés, ses jambes ont lâchées, et le long de ses joues se sont mises à couler des larmes. Il ne comprend pas, tant de désolation, pourquoi lui seul a été épargné ?*
Qu'est ce que j'ai fait ?
*Personne pour lui dire qu'il n'y est pour rien, personne pour lui montrer qu'il ne s'agit que d'un rêve - de toute façon, il l'oublierait certaintement. Et même si quelqu'un devait arriver maintenant, cela serait trop tard, car dans un "pouf" il disparaît.
Sous le ciel noir, le vent souffle toujours.*