Je réfléchissais aux réflexions de Pix, qui étaient parfaitement sensées. Je n'avais jamais vraiment essayé jusqu'à présent de dissocier mes organes internes, et il était fort possible que j'en sois incapable. Mais si je ne tentais jamais le coup, je ne pourrais jamais en avoir le coeur net. Et puis franchement, on se faisait carrément chier avec l'autre fasciste qui tournait en rond. Il me semblait que c'était les conditions réunies pour une nouvelle expérience.
- Bon, si tu ne penses pas pouvoir subir tout ça en toute sérénité, autant que je m'éloigne un peu.
Aussi, je laissais Pix quelques mètres plus loin, continuai de surveiller le rigolo de service avec mon oeil volant, et me concentrai sur mon expérimentation.
Je savais que je ne devais pas voir cela comme une dissection d'anatomie. Après tout, j'en savais suffisamment pour comprendre que les dissociations n'avaient eu, jusqu'à présent, aucun lien avec les rapports anatomiques normaux du corps humains. Alors, je décidais de me croire dans une série médicale classique, et considérai qu'il était parfaitement possible de sortir mes intestins comme un gros boudin.
(Oui parce qu'en vrai, il existe un truc qui s'appelle le grand omentum, qui est une espèce de tablier de gras qui fixe les viscères entre elles. Sans parler du péritoine qui permet l'irrigation du truc, et bref, LA TÉLÉ VOUS MENT.)
Je choisis de visualiser une image simple. Celle d'un magicien qui a une chaîne de foulards cachés dans sa manche, et qui les sort en les tirant un par un. Bien sûr, il existait un problème majeur... Je n'avais absolument aucune ouverture spontanée donnant sur mon abdomen.
Je restais un moment, les poings sur les hanches, les yeux rivés sur mon ventre mis à nu, perplexe.
Merde alors...
Allais-je devoir me mutiler pour pouvoir créer une ouverture? J'avais toujours les aiguilles à tricoter dans mon sac, ce qui serait parfait pour cela. Et pour avorter les futures américaines mais c'est un autre débat.
Je pris une grande inspiration. Comme la plupart des gens, j'étais emprisonnée par le réflexe stupide mais instinctif de ne pas se faire du mal tout seul. Je me voyais mal glisser une aiguille dans mon nombril... Rien que l'idée me donnait des frissons.
Alors, je décidais de tenter un truc. Jusqu'à présent, je n'avais essayé de dissocier que des morceaux qui allaient globalement ensemble. Un membre, une phalange, un oeil... Ils formaient des ensembles cohérents répondant à des limites plus ou moins données par des segments anatomiques (des organes, des articulations...). Jamais encore je n'avais tenté de retirer une partie de moi qui n'était limitée par rien de cohérent.
Donc, je respirai un bon coup, et me concentrai sur une idée étrange. Je visualisai mon nombril comme étant le bouchon d'un réservoir de voiture. Mentalement, je délimitais des pointillés tout autour, imaginai la peau, les muscles sous-cutanés, bref, toutes les structures qu'il fallait en pratique ouvrir lors d'une chirurgie. Toujours en pensée, je me représentais la clé du réservoir et tournai d'un coup sec.
Hop, on met le nombril de côté, pensai-je en tentant de rester la plus calme possible. Bon, on attend maintenant que le MJ valide ou non avant de rentrer dans le trash du sujet.