Roman se réveille après ce qui ressemble à une défaite. Il hausse les épaules.
-Mince alors ! J'ai perdu, apparemment. Par contre, j'ai survécu. Mais c'était pas loin... Si je meurs, j'oublie, c'est ça ? J'oublierai pas.Il sort de son lit, se saisit d'un cahier, d'un stylo, et note. Tout ce qu'il sait sur Dreamland, tout sur son pouvoir, tout sur ses aventures.
-J'oublierai pas.Après une heure et une vingtaine de pages, tout est noté avec force détails.
-Allez, on y retourne.Roman se couche, attrape un cachet, l'avale puis se rendort.
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*Krasghârn ouvre les yeux dans une plaine couverte d'herbe. Mais vide. Désespérément vide.*
-Ah ouais ! C'est the void, quand-même... Le néant... Je vais m'éclater...*Il commence à marcher. Même si la solitude ne lui déplaît pas en temps normal, ici il n'y a carrément RIEN à faire. Soudain lui vient une idée. Pourquoi ne pas tenter une expérience jusque-là impossible ? Une discussion avec soi-même ?*
-Certains psychologues donneraient probablement des millions pour pouvoir faire ça...*Il invoque sa poupée juste devant lui.*
-Tu m'as été vachement utile, tout-à-l'heure.*Comme d'habitude, aucun signe de respect pour la poupée. Pourquoi devrait-il en avoir ? Cette chose n'a non-seulement pas de conscience pour le moment, mais elle obéit aveuglement. Même un esclave aurait plus de libre-arbitre. Même un migreur, ou un chien...*
-En revanche, à partir du moment où ça absorbe une personnalité, ça mérite autant de considération qu'un robot possédant une IA très développée. Mais toujours pas autant qu'un homme. Ça reste une copie. Ça a les défauts des humains, mais pas leur unique qualité de libre-arbitre. Ça restera toujours inférieur. Quel dommage...*Il se tourne vers la créature.*
-Absorbe moi.
*La fumée noire s'échappe de
son orifice de sa bouche. Celle-ci est assimilée par la poupée, dont les yeux deviennent ceux de Roman : marron.*
-Salut, moi. Ça va ?-T'as raison, c'est zarb.-Mouef, c'est pas si bizarre que ça, en fait. Pour moi en tout cas. Je vois bien que t'es pas vraiment moi. Pour toi, par-contre, ça doit être space, non ?-Ouais, ouais... Bah je savais à quoi m'attendre. Je la connais, ta tronche, à force.-Pas faux, pas faux. J'ai des fourmis dans les jambes, à rester sur place. Devisons en marchant, tels les péripatéticiens d'antan !-Bonne idée, bonne idée... Allez, en route.-Donc tu es moi. C'est sympa ?-Bah ça te fait quoi, à toi, d'être toi ?-Ce que ça me fait à moi d'être moi ? J'en sais rien, moi ! C'est à toi que je demande ce que ça fait d'être moi ! Moi j'ai l'habitude d'être moi, pas toi !-Je te dis que ça me fait pareil à moi d'être toi que ce que ça te fait à toi d'être toi. Ce corps a peut-être pas l'habitude d'être toi, mais comme je suis toi, j'ai la même habitude que toi d'être toi. Être toi n'est pas un problème, pour moi.-Okidac, chef. Du coup, t'as les, mêmes envies que moi.
*La poupée ralentit, laissant Krasghârn la dépasser.*
[color=#BF8040]-Pas vraiment, non.*La créature est maintenant derrière Krasghârn.*
-De quoi, tu veux pas parcourir cet univers et devenir puissant ?*La poupée ramasse un caillou.*
-Bah non.-C'est pas logique. Si t'es moi, tu veux faire les mêmes choses que moi !-Moi, je veux juste te tuer !-Dis, ça t'ennuierait de passer à côté de moi ? C'est chiant de parler à des gens qui sont derr... DE QUOI ?*Krasghârn se retourne à temps pour esquiver la poupée qui sautait droit vers sa tête, la pierre à la main. Celle-ci s'écrase quelques mètres plus loin.*
-C'est quoi, ton trip ? T'es pas Censé m'obéir ?-Théériquement, si.-Je me rappelle pas t'avoir ordonné de me buter ! C'est parce que j'ai dit que r'étais inférieur aux humains, c'est ça ?-Non. Quant à l'ordre, c'est normal que tu ne 'en souviennes pas. Il était inconscient.-De quoi tu me parles ? Je suis pas suicidaire !-Je sais, je sais. Mais ton moi profond ne peut pas accepter la situation actuelle. Deux Roman, c'est un de trop. Pour toi, tu es unique. Cette confrontation entre deux toi entraîne la volonté absolue chez l'un de voir l'autre disparaître.-Alors pourquoi j'ai pas envie de te supprimer ?-Tu l'as dit toi-même. Tu ne me reconnais pas comme toi. Mon apparence physique est trop différente de la tienne, et nous n'avons pas assez parlé pour que tu te reconnaisses en moi. Si ça avait plus duré, crois-moi, tu aurais eu la même envie.-En gros, tu me considères comme un intrus, et j'en ferai de même dès que je conviendrai que tu es moi ?-C'est ça.-Tu sais qu'il suffit que je te révoque pour que tu redeviennes un légume !-Essaie un peu.*La poupée s'élance dans une nouvelle charge. Krasghârn révoque. Du moins, il fait ce qu'il fait d'habitude lorsqu'il doit révoquer. Mais c'est comme si le membre qu'il voulait utiliser était paralysé. La surprise l'empêche de réagir à temps. Il évite le plus gros de l'impact, mais la pierre lui entaille la tempe, et le poing de la poupée frappe le même endroit.*
-Comment ?-Qui donne l'ordre de révocation, normalement ?-C'est moi, évidemment !*Avant que la créature n'ouvre la bouche à nouveau, Krasghârn a compris.*
-En devenant moi, tu as aussi eu accès au contrôle de ta révocation !*La poupée ne répond rien. Elle sait que Krasghârn a compris, et se confirmer la chose à soi-même aurait été inutile.*
-T'es aussi fourbe que moi... Normal. je ne me/te hais pas, mais, par souci d'auto-conservation, je vais devoir te détruire. *Krasghârn devient pensif.*
-C'est considéré comme du suicide ?*Alors qu'il réfléchit à la question, la poupée se prépare au combat. N'étant pas sous le contrôle direct de Krasghârn, je pense qu'il revient au Mj de l'incarner. Je peux me tromper, bien-sûr.*
-Allez en garde ! Here I come, ripping your head off !*Krasghârn s'élance sur la créature. Il sait qu'elle peut anticiper ses mouvements, et elle aussi. La ruse devra donc être très bien utilisée, ou pas du tout. Par contre, il fait bien 80 cm de plus que sa poupée. La force brute semble être la meilleure option, tout en gardant à l'esprit que la créature sait qu'il va bourriner. Contrairement à ce qu'il avait lui même anticipé une seconde auparavant, il s'arrête juste devant la poupée. Ne pas s'obéir est la meilleure solution pour empêcher l'autre de prévoir. S'il ne sait pas ce qu'il fait, la poupée ne saura pas non-plus.
Il s'est donc arrêté à un mètre de la poupée. S'il était elle, il sauterait à gauche puis, usant de sa petite taille, il sauterait contre les genoux du Krasghârn humain.*
-C'est le cas le plus évident. C'est donc théoriquement qu'il ne va pas le faire. Néanmoins, partant de cette évidence, il est aussi possible qu'il le fasse. D'autant que mon arrêt soudain a du le troubler.*Krasghârn donne donc un coup de pied circulaire bas, balayant tout le rayon sur sa droite, et espérant shooter dans la poupée.*