Fiche 2 a écrit:Pseudo : Théo
Age : 16 ans
Ville : Nice
Activité : Lycéen
Phobie : Katagélophobie (peur du ridicule)
Objet Magique : /
Ce qu'il aime : Les pâtisseries, internet, la boxe, les films
Ce qu'il déteste : Les sports d'équipe, les sorties, les modes d'internet (twerk, dab, les trucs dans le genre parce qu'il est au-dessus de tout ça tavu)
Surnom : Raging Bull
Rêve de phobie:
"- Le ridicule ne tue pas"Ça, je l'avais entendu très souvent. Alors oui, il y avait une période pendant laquelle je refusais d'aller au lycée, par peur de me "griller" auprès des autres, de leur réaction quand ils verraient que les bretelles de mon sac étaient trop lâches ou bien si on jugeait ma coiffure débile, ou encore quand je me casserai inévitablement la gueule quelque part devant tout le monde.
Mais maintenant ça va mieux je me dis, je peux me tenir près des autres et le plus important...
Oui le plus important, c'était de ne rien faire de bizarre dont on puisse rire. Dans le brouahaha ambiant, j'avançais avant que la sonnerie ne retentisse.
Et pourtant... Je fais toujours le même rêve, régulièrement chaque semaine. Il me fout les jetons quelque chose de sévère, et je me réveille toujours en sueur.
D'ailleurs j'y suis déjà, dans mon lycée. Sans m'en rendre compte j'avais passé les grilles au milieu de la foule d'ados qui se ruait à contrecoeur dans l'établissement. Je sens l'ennui monter, alourdir mes pieds que je regarde en marchant, faisant attention à ne pas trébucher. Mes paupières sont juste entrouvertes, cette fatigue familière dont je tente d'émerger m'étreint doucement pendant quelques instants encore.
Quand je relevai les yeux, je vis que l'on m’appelait.
-Théo... Théo!-Oui?-Tu as l'air de connaître ton sujet sur le bout des doigts, donc tu saurais me donner la réponse à ce problème?Une femme au visage indistinct que je survolai du regard pointa du doigt sur le tableau le dessin d'un triangle avec des inscriptions illisibles. Je distinguai juste le signe "=", bien clair lui.
Plissant les yeux pendant ce qui me sembla être une éternité, je fus de nouveau interrompu par la même voix criarde.
-Ça suffit Théo, visiblement on ne tirera rien de toi aujourd'hui, oui Bob?La même femme sans visage désigna quelqu'un dans la classe qui avait visiblement levé la main. Je me sentis complètement débile de n'avoir rien écouté, c'était totalement con.
Et je la sens monter... La Honte. Cette sensation de chaud/froid, cette torsion légère des boyaux, ce gonflement qui part du cou et de l'arrière des oreilles et qui envahit mon visage peu à peu...
C'est rien, c'est rien, ça va passer, personne n'y fait attention...En effet, quand je regardai autour, bien que je ne voie pas clairement les visages, j'eus la sensation que les regards étaient rivés sur l'élève qui a levé la main.
La Honte redescendit. Je recouvrai mon teint, repris mon expression neutre.
Une voix sortit de la présumée bouche de l'élève, donnant une réponse. Fugace, comme une bande son accélérée, je ne l'entendis pas bien. Cependant, la phrase du professeur frappa comme un marteau, moqueuse dans le ton, méprisante dans l'inflexion.
-Bien sûr Bob, nul comme d'habitudeDes éclats de rire emplissent la salle, me vrillent les oreilles tandis qu'un sourire moqueur s'affiche en une ligne noire et nette sur les visages indistincts. Et là, je vois mieux: la trogne de Bob, mon copain. Ses yeux sont rivés sur sa table, sa tête baissée, et on peut la sentir à nouveau...
La Honte, la rougeur qui part de la base du cou, remonte vers les oreilles pour envahir toute sa tête, sa peau vire au carmin, ses lèvres se pincent tellement qu'elles semblent disparaître, les vaisseaux de son crâne se distendent terriblement, tout son corps se met à trembler...
*BOUM*Soudain, sa tête explosa, un véritable ballon de baudruche. Le reste de son corps s'étendit sur le côté. Je sentis une migraine me lancer, comme par empathie pour sa douleur, et j'éprouvais un chagrin infini sachant qu'il était mort.
Et arriva la peur. La peur qui me prit aux tripes et ne me lâcha plus. Je serrai les yeux en une vaine tentative de reprendre le contrôle, mais rien à faire, je flippais ma race bordel!
J'entends des pas, par milliers, je rouvre alors mes yeux et me retrouve de nouveau à marcher, dans les couloirs, entre deux cours. Toujours la même pression qui s'accumule, je sais que ça vient... Le moment où j'ai l'air d'un con.
Par réflexe, je m'inspecte. Les habits d'un clown comme d'habitude, mais sans le pantalon cette fois-ci. Mes chaussures ont leurs lacets défaits. Je regarde autour de moi, paniqué, ne tenant plus face à la peur. Je vois alors des groupes d'élèves qui rient du malheur des autres, la tête de ces derniers explosant également dans un "POP" étouffé.
Comment est-ce qu'ils peuvent m'ignorer? La seconde où ils me remarquent dans ces fringues, je suis foutu! C'est fini putain, fini! Je vais me taper la Honte et je vais repeindre les murs!Complètement emporté par mon délire, ma respiration s'emballa, je sentis la tension monter. Je vis devant moi une plaque bien particulière du sol dallé dans le couloir. Je la reconnaîtrais entre mille, je savais que dans exactement cinq pas, en marchant dessus, mon pied se prendrait dans le lacet de ma pompe, et j'allais m'étaler.
Je tentai de faire demi-tour, mes pensées me hurlèrent de me retourner, de me changer, mais rien à faire, je ne changeai pas ma démarche d'un iota. J’avançai inexorablement vers ma chute. Le volume des bruitages autour de moi monta graduellement lorsque je me rapprochais de la dalle, un bourdonnement siffla à mes oreilles et mon ventre se tordit d'angoisse jusqu'à en devenir insupportable.
D'un coup, le silence. Je sens mon pied se tendre, se soulever du sol sans retrouver d'appui. Je commence à tomber et le début de cette chute dure bien cinq secondes avant que je ne me retrouve brutalement étendu sur le sol, de tout mon long.
Soudain, toutes les têtes sans visage se tournent d'un bloc vers moi. Leurs doigts se tendent. J'entends les rires aigus et pourtant monocordes m'assourdir. Je me remets difficilement sur les genoux.
J'ai vraiment l'air d'un guignol...Une pensée pourtant simple qui appelle le pire.
Je La sens. Mes lobes d'oreilles se réchauffent, une douleur s'insinue dans mon crâne, puis je sens ma tête devenir un radiateur, se baisser, mes dents grincent et me font souffrir, mes oreilles sifflent de plus en plus aigü, mes muscles se tendent et je sens ma boîte crânienne augmenter en volume, mon cerveau se faire plus aérien... Une main invisible me presse l'occiput pour maintenir mon regard au sol.
J'allais mourir de Honte... Encore.
Cependant, alors que j'arrivais au point de rupture que je commençais à connaître, cette fois-ci j'ai fait quelque chose de différent.
J'ai inspiré un bon coup... avant de souffler doucement... et ai tenté de me relever. En forçant, je vainquis la résistance de la main qui maintenait ma tête baissée... plus facilement que prévu.
Je me suis redressé.
Les sans-visage continuaient de rire en me pointant du doigt, mais me regardaient-ils vraiment? Après tout ils n'avaient pas d'yeux.
Je me monte la tête tout seul avec ça...J'avance d'un pas, la caboche toujours gonflée, mais je n'y prête plus attention. Je continue ma marche comme si de rien n'était, et les faux-ados se rapprochent de moi pour "m'assaillir" de plus belle, sans jamais me toucher. Cela, au lieu de me faire renoncer, me donna un coup de pouce. J'avançais à un rythme de plus en plus régulier, ignorant ce qui m'entourait.
Petit à petit, les rires s'estompèrent, la foule s'aéra, et ma tête dégonfla... La Honte s'en allait. Je me sentais plus frais, moins oppressé. Les autres qui m'entouraient prenaient tout à coup un rictus contrit... puis comme contraints, forcés, reprenaient une marche normale et je me sentais libéré.
Il me suffisait de respirer... et d'avancer. Le ridicule n'allait plus me tuer.
Au final, pas si compliqué.