Et sans plus tarder *drumroll*, voici le premier rêve !
J'ai même rajouté de la couleur et pris celle de mon rp' pour vos doux pitits z'yeux.Rêve n°1 : Mario, Fallafel et Réfrigérateur
D'après un vrai rêve vécu en novembre 2019 par Wham.
Bon. Qu'est-ce que je fous là déjà ?
Je soupire en mettant les mains dans les poches. Des couleurs sombres et orangées, une ambiance étouffante, du granite. Visiblement, je me trouve en plein milieu d'une vaste caverne volcanique. Je renifle, puis baisse les yeux.
Ah.
Ok. Je suis sur un pont bancal sculpté dans la roche, à quelques dizaines de mètres de la lave. Super. Je déglutis, puis risque un coup d'oeil en contrebas, mais la vue des bulles de magma en fusion qui se forment pour éclater aussitôt me fait grimacer.
- Yes...
Ma voix résonne légèrement alors que je reporte mon attention sur l'allée qui s'étale devant moi, bordées de stalagmites. Ou de stalactites. Je sais plus. On s'en tape : il y en a partout, au plafond et sur le sol. Puis, de toute façon, Mario débarque. Ouais ouais, le Mario, celui du jeu vidéo. C'est le boss de mon gang.
Ah oui : je fais partie d'un gang.
Il a un air mauvais et assuré sur le visage. Ce taré s'approche en bondissant dans tous les sens ; il frappe le vide de ses poings et de ses pieds comme un personnage de Tekken. J'amorce un mouvement de recul en fronçant les sourcils. Je ne sais pas comment il se démerde pour se faufiler entre les stalagmites comme ça.
L'instant d'après, je me retrouve dans le marais, à Paris. On fait la queue pour un stand en extérieur qui vend des fallafels. "On", c'est les autres membres du gang et moi. Tout le monde bavarde, piaille, et un mec de mon âge me donne un petit coup de coude dans les côtes avant de désigner de la tête le début de la file indienne :
- Tu vois la meuf là-bas ?
Je ne m'attendais pas vraiment à ce qu'un pélo me parle, donc ma première réaction c'est de renifler en le dévisageant. M'enfin, je tends le cou pour discerner ladite meuf qu'il me désigne, puis je confirme que la cible est verrouillée en un grognement affirmatif :
- Hm ?
Il rigole, de ce rire typique du mec qui se fait ses fantasmes. Je le juge, mais en réalité je peux avoir le même.
- Elle est méga belle, on est d'accord ?
J'observe son sourire de débile, puis mon regard retourne sur la fille. Bon, effectivement, elle est vraiment pas mal. Je hausse les épaules.
- Ouais.
Il poursuit d'un ton spécial "théorie du complot" teintée de "t'as vu je suis trop en train de t'apprendre quelque chose hein ?" :
- Bah, dis-toi qu'en vrai son visage est tout cramé, tout fondu. Et c'que tu vois c'est une espèce de fausse couche de peau, un masque, en gros.
... Ok. Cheloue comme chose à dire à quelqu'un à qui on a jamais parlé. Je grimace sans lâcher la fille du regard. Rien ne donne l'impression qu'elle porte une fausse couche de peau, pourtant je le crois. Moi, ce qui retient mon attention, c'est qu'elle a l'air joyeuse. Je cligne à peine des yeux que je me retrouve à ses côtés, en début de file.
Ne me demandez pas pourquoi ni comment, mais on est ensemble maintenant - elle et moi. Oui oui, juste parce que je suis apparue à côté d'elle trente secondes plus tôt. Faut s'y faire. Dans un sens, j'ai pas eu besoin d'essayer de la draguer, et ça c'est cool. Parce que boy, je suis vraiment à chier pour ça. Mais, peu importe : cette fille est ma copine. Ma copine qui a le visage fondu sous son masque et qui fait parti du même gang que moi dirigé par Mario. Quel bordel. J'ai même pas mangé de fallafel, en plus.
En réalité, je me plains mais c'est pour couvrir le fait que je flippe un peu de voir son vrai visage. C'est stupide, je sais. Puis au fond, on s'en tape. Mais je ne peux pas m'en empêcher, je redoute autant de le voir que j'ai la curiosité de le découvrir. La scène d'après, on se réveille ensemble dans un lit et je panique.
Meeeeeeeeeeeeerde-merde-merde-merde-meeeeeeeerde ! Elle a dû enlever son bout de peau pour dormir !
Je regarde à moitié, ne voulant pas la mettre mal à l'aise. Sauf que - évidemment - je suis figée comme une abrutie dans ma grimace d'appréhension. Donc je la mets très certainement mal à l'aise. J'ai tous les muscles du corps crispés, bloquée par l'hésitation et la maladresse, quand mes yeux tombent enfin sur son visage - le vrai. J'affaisse instantanément les épaules en reconnaissant la brûlure, relâchant la tension. Je lâche même un rire nerveux.
Stylé.
De ce que je vois, elle a juste une partie de la peau très rouge, délimitée par une cicatrice de cartoon à la Frankenstein. Je me suis excitée pour rien, encore. De toute façon, je n'ai pas le temps de m'éterniser sur ma propre stupidité : on est en retard, on doit partir en mission.
C'est sûr, ma garde-robe a été sponsorisée par les soeurs Wachowski ; je me retrouve habillée comme dans Matrix. En une moue d'appréciation, je me dis que c'est pas plus mal. C'est donc avec style qu'on se retrouve dans un supermarché. Le lieu n'est pas glamour, mais la mission est simple : récupérer un artefact. Lequel ? Je sais pas.
On se téléporte, et merde je savais pas du tout que j'étais capable de faire ça, c'est beaucoup trop cool ! Je m'extasie seule dans mon coin ; j'ai toujours rêvé d'avoir un superpouvoir. Par contre, j'avais jamais expressément rêver de me téléporter dans un frigo - ceux qui présentent la charcuterie, les légumes, les pizzas, et tout le reste. Je fronce les sourcils, dubitative.
- Euh... c'est ça notre planque ?
Je lance un regard inquisiteur à ma copine. Elle ne me répond pas, trop concentrée à fusiller des yeux le frigo en face du nôtre. Je suis son regard, un peu confuse. Je repère alors deux autres types qui ont opté pour la même planque que nous : nos ennemis. Décidément. Eux aussi nous fixent intensément. Moi, je suis toujours aussi perplexe. Je savais pas que c'était tout un délire les batailles de regard intra-frigidaires.
- Sans déconner, c'est quoi le bail avec les frigos ?
Un mouvement sur la droite au bout de l'allée attire mon attention. Mes yeux glissent pour y découvrir ma copine. Attendez... Je tourne la tête pour constater qu'elle n'est plus avec moi. Merde ! Je suis la seule débile à glander dans un réfrigérateur ; elle, s'est téléportée pour se battre contre un grand mec chauve du gang rival.
Lui c'est le chauve de Matrix, je remarque en plissant les yeux.
Je rejoins le combat en une téléportation, et tout se passe très vite. Le mec disparaît quelques secondes après mon apparition. Au début, je suis soulagée, même si j'ai l'impression qu'il a récupéré l'objet qu'on était venu dérober - faudra expliquer ça à Mario. Cependant, lorsque je me retourne, c'est la douche froide instantanée. Ma copine s'est faite poignarder. Une large tâche de sang imbibe son tee-shirt au niveau du couteau planté dans son estomac.
- Merde !
Je la rattrape lourdement alors qu'elle s'effondre. Je panique, submergée par la peur et l'empressement. Je ne sais pas du tout quoi faire. J'hésite à retirer le couteau, incertaine des conséquences que ça pourrait avoir. D'un coup, je me souviens que je peux me téléporter, et on se retrouve en un claquement de doigt dans une sombre petite pièce encombrée. C'est une chambre d'hôpital. Yes ! Je perçois aussi une sensation familière. Je crois qu'on est de retour dans la grotte volcanique du début, mais aucun moyen de s'en assurer : la chambre est verrouillée.
Je me dépêche de la poser sur le lit, et elle me paraît de plus en plus affaiblie. Etrangement, elle reste parfaitement calme. Encore plus bizarre : j'étais sûre qu'elle avait été poignardée dans le ventre, pourtant je distingue maintenant la plaie et l'arme dans son cou. Je grimace. C'est censé bouger, ce genre de connerie ?
Pas le temps pour les questions rationnelles, j'entends des bruits de conversations de l'autre côté de la porte. Je m'empresse de tambouriner la paroi comme une dératée, hurlant à l'aide :
- EEEEEEEEEEEEH ! S'il vous plaît !! Y'a une blessée dans la chambre !!
Je sens de plus en plus leurs présences. Ils sont tout proches. Je suis persuadée qu'ils peuvent la sauver - et surtout, qu'ils m'entendent. Pourtant, ils semblent totalement m'ignorer. J'entends leurs rires, comme s'ils papotaient tranquillement, l'esprit libre.
- WOOOOOOOOOOH ! J'VOUS PARLE !!
J'ai jamais eu beaucoup de patience. Puis surtout, y'a l'autre qui pisse le sang derrière moi. Un homme ouvre subitement la porte. Il est grand, chauve - encore un - et a des rides de bienveillance aux coins des yeux. Je plisse les miens.
Lui, c'est pas le chauve de Matrix.
- Eh beh, faut pas gueuler comme ça mademoiselle.
Je fronce les sourcils. Il est trop calme à mon goût ; même si je l'avoue, j'aime bien l'aura rassurante qu'il dégage. Je pointe une main accusatrice en direction de ma copine, tout en le fixant d'un air farouche.
- Elle est en train de crever là !
Cette dernière est tout aussi calme et contenue que le médecin. J'hallucine. Ça ferait chier quelqu'un de péter un câble avec moi, un peu ? Le médecin hausse les épaules en souriant d'un air patient.
- Oui bon, pas de quoi s'exciter sur une porte. Qu'est-ce qu'il s'est passé ?
Non mais je rêve. Abasourdie face à sa légèreté, je ravale difficilement mon envie de lui hurler ma colère et ma frustration au visage. Je prends une grande inspiration pour me calmer, et finit par déballer l'histoire en un souffle :
- On était planqué dans un frigo de supermarché quand elle s'est téléportée pour aller se fight avec un mec qui vous ressemble un peu mais pas trop et qu'il l'a poignardé. Dans le ventre.
Il ne dit rien pendant quelques secondes, alternant le regard entre elle et moi. Enfin, il arque un sourcil en désignant la plaie.
- C'est dans le cou, là.
Je soupire d'impatience.
- Oui mais c'était dans le ventre avant.
Il me regarde comme si j'étais stupide, ou tarée, ou les deux.
- Certes. M'enfin là, c'est le cou. Mais c'est pas bien grave, on va régler ça.
Il retire doucement le couteau, ce qui me fait grimacer d'inconfort. Après quoi, il se contente de passer une compresse avec du désinfectant sur la blessure. Elle est tirée d'affaire, même si les soins administrés me paraissent un peu légers. Un peu beaucoup.
Il se foutrait pas de ma gueule ?
Ma copine me sourit d'un air patient, et lui se retourne vers moi.
- Bah voilà. Y'avait pas de quoi en faire tout un plat.
Je ne sais pas ce qui prend le plus de place sur mon visage : ma consternation, mon agacement ou ma lassitude. Je sais juste que je finis par lui décocher un regard blasé. Je soupire en secouant la tête.
Putain...
Au moins, elle est sauvée. Va falloir que Mario vienne nous chercher, maintenant.